L'ombre des choses et la
lumière des mots
Toute littérature,même
lorsque son objet en semble éloigné,recèle un rapport intime avec
le désir;il y a une poétique des corps comme il y a une réalité charnelle et charmeuse dans la magie des mots.
Le langage poétique est
toujours une entreprise de séduction,l'intimité de l'être s'expose
dans ses plus beaux habits,les mots s'assemblent comme les perles
d'un collier,l'or ,l'ivoire et la soie dans leur éclat et leur
chatoiement et le nacre des dents offre un même écrin pour les mots et
les baisers .
Celui qui parle,celui qui
écrit,les mots que l'on cherche et les paroles que l'on trouve,c'est
toujours un voyage,celui d'une flèche lancée pour percer les
cœurs,s'immiscer dans les rêves ou prendre pied sur le sable
mouillé qui borde l'océan de nos pensées.
Homère ,qui est le père
de toute littérature,qui a tissé la trame de toutes les
tragédies,Homère ,l'inspirateur de tous les poètes,avait toujours
des mots tendres pour la chair.
Dans la mêlée
furieuse,au milieu du fracas des belles armes,avant que le corps des
guerriers ne tombe lourdement dans la poussière,quelques mots et
parfois de longues phrases où s'exprime la pitié pour la chair,si
fragile et si belle sous les lourdes armes de bronze.
Toute chair doit être
sublimée,rien n'est jamais possédé vraiment,s'il ne l'est aussi
dans nos rêves,si le secret de sa gloire et de sa beauté ne nous
sont révélés par la poésie qui est en nous avant d'être dans les
livres
Que serait l'amour sans
Roméo et Juliette,quel sens auraient nos vies sans le triste héros
de Cervantès et comme toute quête paraît misérable à coté de la
sienne,pourtant sans espoir.
« Ce sera la fin de
toute chair « disent les Écritures et pourtant par les mots
elle atteint l'éternité et le sublime.
Tout ce qui est digne
d'être vécu est aussi digne d'être écrit,le point du jour et
l'aube qui se lève sont le linceul de nos rêves,c'est de la
poussière éparse de nos rêves perdus à jamais que nous faisons
cette pluie d'or qui danse devant nos yeux,dans la lumière du
soleil.
Que les Dieux nous prêtent
vie,mais surtout que cette vie soit belle,qu'elle soit frangée de
pourpre,rougissante comme une jeune mariée ou fardée comme une
catin,mais que chaque jour soit un lambeau d’éternité
Léon Belhassen
Jean-Baptiste Greuze (1725-1805) L’enfant à la colombe Huile sur toile - 64,4 x 53,3 cm Douai, Musée de la Chartreuse Photo : Musée de la Chartreuse |
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