mardi 9 mai 2017

La Rose blanche, un combat contre le nazisme

"la honte pèsera pour toujours sur l’Allemagne, si la jeunesse ne s’insurge pas enfin pour écraser ses bourreaux"...
La Rose Blanche : La résistance des étudiants contre Hitler, Munich 1942-43.


La rose blanche, un bien joli nom, Sophie Scholl, un si doux visage
Elle est née le 9 Mai 1921 et morte le 22 Février 1943, guillotinée par les Nazis
Son histoire, celle de son frère Hans, c'est celle de  la Rose Blanche, celle d'une poignée d'étudiants allemands qui dans les pires conditions se sont dressés contre le nazisme


La Rose blanche, un combat contre le nazisme

Début 1933, Hans et Sophie Scholl avaient adhéré à la Jeunesse hitlérienne, enflammés par le Führer qui promettait à son peuple « grandeur et bien-être ». Revenus de leurs illusions, aidés par leurs parents, des luthériens hostiles à l'idéologie nazie, ils s'éloignent du national-socialisme. Hans Scholl est arrêté en 1938 pour son appartenance à un groupe de militants chrétiens. C'est dans l'atelier que l'écrivain catholique Theodore Haeckler met à sa disposition que « La Rose blanche » édite ses tracts qui appellent chacun à rejoindre « la chaîne de la résistance de la pensée ».
Trois autres membres du groupe seront condamnés à mort. Une dizaine d'autres, actifs ou sympathisants, mourront en camp de concentration. L'été 1943, l'aviation anglaise jettera au-dessus des grandes villes allemandes un million d'exemplaires du dernier tract rédigé par le professeur Huber, universitaire catholique, l'inspirateur de La Rose blanche, exécuté par les nazis.
Le dernier tract de la Rose blanche
 distribué dans l'enceinte de l'université de Munich, en Février 1943, quelques jours après l'annonce de la capitulation allemande à Stalingrad
Étudiantes ! Étudiants ! 
          La défaite de Stalingrad a jeté notre peuple dans la stupeur. La vie de trois cent mille Allemands, voilà ce qu'a coûté la stratégie géniale de ce soldat de deuxième classe promu général des armées. Führer, nous te remercions !
          Le peuple allemand s'inquiète : allons-nous continuer de confier le sort de nos troupes à un dilettante ? Allons-nous sacrifier les dernières forces vives du pays aux plus bas instincts d'hégémonie d'une clique d'hommes de parti ? Jamais plus !
          Le jour est venu de demander des comptes à la plus exécrable tyrannie que ce peuple ait jamais endurée. Au nom de la jeunesse allemande, nous exigeons de l'État d'Adolf Hitler le retour à la liberté personnelle; nous voulons reprendre possession de ce qui est à nous; notre pays, prétexte pour nous tromper si honteusement, nous appartient.
          Nous avons grandi dans un État où toute expression de ses opinions personnelles était impossible. On a essayé, dans ces années si importantes pour notre formation, de nous ôter toute personnalité, de nous troubler, de nous empoisonner. Dans un brouillard de phrases vides, on voulait étouffer en nous la pensée individuelle, et on appelait cette méthode : «formation pour une conception saine du monde». Par le choix du Führer, un choix comme on n'en pouvait faire de plus diabolique et de plus borné à la fois, des hommes sont devenus des criminels sans dieu, sans honte, sans conscience; il en a fait sa suite aveugle, stupide. Ce serait à nous, «travailleurs intellectuels» de régler son compte à cette nouvelle clique de Seigneurs. Des combattants du front sont traités comme des écoliers par des Chefs de groupe, ou des aspirants Gauleiter.
          Il n'est pour nous qu'un impératif : lutter contre la dictature ! Quittons les rangs de ce parti nazi, où l'on veut empêcher toute expression de notre pensée politique. Désertons les amphithéâtres où paradent les chefs et les sous-chefs S.S., les flagorneurs et les arrivistes. Nous réclamons une science non truquée, et la liberté authentique de l'esprit. Aucune menace ne peut nous faire peur, et certes pas la fermeture de nos Écoles Supérieures. Le combat de chacun d'entre nous a pour enjeu notre liberté, et notre honneur de citoyen conscient de sa responsabilité sociale.
          Liberté et Honneur ! Pendant dix longues années, Hitler et ses partisans nous ont rebattu les oreilles de ces deux mots, comme seuls savent le faire les dilettantes, qui jettent aux cochons les valeurs les plus hautes d'une nation. Ce qu'ils entendent par ces mots, ils l'ont montré suffisamment au cours de ces années où toute liberté, matérielle aussi bien qu'intellectuelle, toute valeur morale furent bafouées. L'effusion de sang qu'ils ont répandue dans l'Europe, au nom de l'honneur allemand, a ouvert les yeux même au plus sot. La honte pèsera pour toujours sur l'Allemagne, si la jeunesse ne s'insurge pas enfin pour écraser ses bourreaux et bâtir une nouvelle Europe spirituelle.
          Etudiantes ! Etudiants ! Le peuple allemand a les yeux fixés sur nous ! Il attend de nous, comme en 1813, le renversement de Napoléon, en 1943, celui de la terreur nazie.
          Bérésina et Stalingrad flambent à l'Est, les morts de Stalingrad nous implorent !

          Nous nous dressons contre l'asservissement de l'Europe par le National-Socialisme, dans une affirmation nouvelle de liberté et d'honneur.

fac similé du dernier tract de la rose blanche


 Derniers jours, dernières paroles
Sophie, en prison, n'a pas cessé de sourire comme si le
soleil transperçait les murs, comme si elle ne se préoccupait pas
de sa captivité et de sa fin prochaine. Elle a dit à la prisonnière qui
partageait sa cellule : "Qu'importe ma mort si, grâce à nous, des milliers
d'hommes pouvaient avoir les yeux ouverts
". Elle lui a également raconté
un rêve qu'elle avait fait en prison : elle avait sauvé un enfant, un enfant
blanc, symbole de pureté, avant de sombrer elle-même dans un abîme profond.
Cet enfant était pour Sophie l'idéal qui survivrait après sa mort.

 Hans, lui, récita des passages de Goethe à son compagnon
de cellule, des mots si forts et si beaux, réminiscence d'un autre esprit,
tellement étranger à ceux qui allaient le tuer. Il grava quelques citations
du poète censuré sur les murs de sa cellule. Que quelques mots, certes,
mais pourvus d'un sens profondément bon : "Braver les forces contraires...."
L'hommage de Thomas Mann

« Courageux, magnifiques jeunes gens ! Vous ne serez pas morts en vain, vous ne serez pas oubliés. Les nazis ont élevé des monuments à de solides apaches, à de vulgaires tueurs ; la révolution allemande, la vraie, les détruira et à leur place, elle immortalisera vos noms, vous qui saviez et qui proclamiez, alors que la nuit couvrait l’Allemagne et l’Europe, qu’il naissait une foi nouvelle, la foi en l’honneur et en la liberté. »

Extrait de « L’hommage à la Rose Blanche » par Thomas Mann le 27 Juin 1943.



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