François Hollande,comme un avion sans ailes
Disons-le clairement,il
n'y eut jamais ou rarement une si totale et si peu banale
indifférence à l'égard de quelqu'un appelé à une si haute
fonction.
La vérité étant que
malgré les efforts des journalistes pour donner sang et vie à ce
fantôme,chacun se fout éperdument de savoir s'il aime le gigot,ou
prend du clafoutis au dessert
Cette solitude n'est même
pas celle attachée à la sacralité du pouvoir,le voile racinien qui
protège les puissants par la terreur et la crainte magiques qu'ils
inspirent,ce voile s'est déchiré depuis longtemps et cet homme
n'est plus ,comme il le dit lui même dans un aveu terrible de
sens,qu'un Président banal
Cet homme n'inspirera
aucun roman,il aurait du pour cela être au moins un Rastignac et son
nom ne sera jamais donné qu'à un square ou une impasse.
Bien entendu ,la seule
chose qui importe est la racine historique de ce décalage si
frappant entre l'insignifiance maussade de cet homme,le tragique son
époque et la charge terrible qui lui incombe.
Il est le premier
Président de la Sème République à avoir été porté au pouvoir
sans aucune espérance ni aucune illusion ou des illusions si faibles
qu'elles se sont vite fracassées sur la réalité de sa politique.
L'impasse historique dans
laquelle il se trouve enfermé est celle de toutes la bourgeoisie
européenne,celle qui découle de la tache monstrueuse qu'elle s'est
assignée,en finir avec la civilisation européenne,détruire de fond
en comble les fondements de la démocratie politique et des droits
ouvriers.
Un tel programme ,celui
contenu dans les différents traités européens et en particulier le
TSCG,celui qui est inscrit dans les actes et déclarations de tous
les gouvernements européens,prend un véritable contenu de guerre
civile,il implique un bouleversement complet de tous les rapports, de
la forme même de l’État,des rapports entre les gouvernements et
la société civile.
Ce que l'on appelle la
gauche française s'appuie sur 2 héritages historiques qui trouvent
leur sanction juridique et sociale dans l'organisation même de la
République.
L'héritage de la
Révolution française,c'est à dire l'existence d'une démocratie
parlementaire,d'une organisation du territoire fondée sur les
communes et les départements et enfin l'unité de la République,
cette unité s'incarnant dans l'existence d'une école publique
unifiée par des programmes nationaux et le statut national de ses
personnels.
Le second héritage est
celui des luttes de classe,du combat séculaire pour arracher un Code
du travail ,des conventions collectives,le droit des organisations
syndicales à la libre négociation,l'existence d'un régime général
de Sécurité Sociale fondée sur le salaire différé,les droits à
la retraite ,aux allocations familiales,à l'accès aux soins et à
tout ce qui nous préserve de la déchéance et du dénuement
complet.
La solitude de François
Hollande,le drame historique dans lequel il va jouer le plus vilain
rôle est l'obligation où il s'est placé d’être le fossoyeur de
la République,le liquidateur de ce l'écrasante majorité du peuple
considère comme sacré et inviolable.
Le drame de François
Hollande et sa solitude,son isolement ,le gouffre béant qui s'ouvre
devant lui a une origine sociale et politique.
Le corps de la République
est encore vivant,la classe ouvrière et ses organisations sont
encore vivants et bien décidés à survivre.
Ils sont vivants dans la
conscience de millions d'hommes et de femmes.
Ils sont vivants dans
l'attachement fanatique et qui pourrait devenir féroce de millions
d'hommes et de femmes a préserver tout ce qui fonde une existence
dans la liberté et la dignité.
Ils sont vivants dans la
résistance des maires et des élus ,leur attachement à la
démocratie communale menacée.
Ils sont vivants dans le
refus des organisations syndicales de s’intégrer à l' Union
Nationale,de signer des accords scélérats,vivants dans ces
centaines de délégués au Congrès de la CGT ,debouts et scandant
pour exiger le Retrait de l'accord MEDEF-CFDT.
Vivants dans la grève
générale des instituteurs,les 80% de conseils municipaux refusant
d'appliquer la Réforme Peillon à la prochaine,ni à aucune autre
rentrée pour beaucoup..
Vivants enfin dans ces
regards tournés vers Athènes,Lisbonne ou Madrid,attendant
l'étincelle qui allumera le soulèvement de tous les peuples
d'Europe.
Certains hommes ont la
prétention ou la vanité de croire qu'ils peuvent écrire l'Histoire.
'ils considèrent la vie des peuples, leur activité et celles de l’État,
comme une comédie au sens le plus vulgaire du mot, comme une
mascarade, où les grands costumes, les grands mots et les grandes
poses ne servent qu’à masquer les canailleries les plus
mesquines.' ils ne sont rien d'autre que 'le grave polichinelle qui
ne prend plus l’histoire pour une comédie, mais sa propre comédie
pour l’histoire.'
L'
Histoire ,la vraie, n'est pas encore écrite et la messe n'est pas
dite,ou plus précisément elle est en train de s'écrire dans cet
isolement,ce rejet où sont exposés tous ceux qui portent à bout
de bras et bien au delà de leurs forces,les plans destructeurs de
l'Union si peu européenne
L'impression
profonde d'ennui qu'a suscité une intervention présidentielle n'est
que le signe annonciateur d'une rupture dont chacun commence à
mesurer, avec beaucoup d'effroi ou d’espérance,les conséquences à
venir.
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