dimanche 8 janvier 2017

Gatsby le magnifique et son double monstrueux

Gatsby le magnifique et son double monstrueux




The great Gatsby, c'est d'abord un roman écrit en 1925 par Scott Fitzegerald, un peu plus d'une centaine de pages si je m'en souviens.
Un roman , qui comme tous les grands romans , à sa propre musique, une musique douce et triste qui vous laisse un sentiment de mélancolie.
Un beau roman, magnifiquement écrit, avec une infinie délicatesse dans la peinture des sentiments et un portrait attachant, celui de ce Gatsby assez fou pour avoir cru à ses rêves. D'autres portraits, celui de cette Daisy, indigne objet d'un amour impossible, meurtrière par négligence et désinvolture, l'insoutenable légèreté de l'être, au sens le plus littéral du terme
Il y a une histoire d'amour entre le cinéma et la littérature et des tentatives glorieuses et d'autres un peu moins pour incarner les héros de Shakespeare, d'Hugo, ou de Fitzgerald.
Il y a ce film de Jack Clayton, réalisé en 1974, Robert Redford et Mia Farow qui parviennent à faire vivre jusque dans la moindre de leurs expressions l'esprit de ce roman, un grand moment de cinéma qui vous donne l'envie de vous replonger dans le roman.
Mais il y a aussi les barbares et les truands, si au moins ceux là pouvaient rester chez eux, dans leur monde, plein de stridences et de couleurs criardes, où nulle poésie ne pourrait survivre.
Cela est bien connu, les barbares ont des  rêves d'invasions et de ruines fumantes, alors ils viennent fureter autour de nos grands auteurs, avec la rage et la haine de trouver quelque chose de trop grand  pour eux, quelque chose qui les dépasse.
Alors, ils s'emparent de Roméo et Juliette ou des Misérables, sous les applaudissements et les vivas de tous ceux qui voudraient que nos enfants ne connaissent plus les grandes oeuvres que réduites à un pauvre état d'opéra rock ou de comédie musicale.
Ces chacals, ces tueurs de mémoire se sont emparés  de Gatsby et ce pauvre Di Caprio, qui n'a pas toujours la chance de croiser Martin Scorcese,  a été recruté pour cette mascarade.
Rien n'y manque, le hip hop, la pyrotechnie, tout un bazar clinquant et saturé de bruit jusqu'à la nausée.
Tout y est, mais jeté en vrac, il n'y manque que l'esprit, que les quelques minutes de repos permettant la contemplation, que la beauté des textes
C'est curieux comme ces gens sont incapables de faire vivre la moindre émotion, comme si leur pauvre tête remplie de poudre blanche et d'un vide sidéral était incapable d'écouter la musique du monde.
Sourds et aveugles sont ces brutes virevoltantes et colorées s'écrasant comme des bouses multicolores  dans l'océan de néant qui les attend.
Restons sereins et tranquilles, ces gens ne sont rien, pas même les ténèbres ou une menace, juste le reflet du vide dans un miroir

Jacques Belhassen

Quelques extraits du roman de Fitzgerald


Il a dû sentir qu'il venait de perdre à jamais son ancien monde de lumière, que c'était le prix à payer pour avoir trop longtemps vécu prisonnier d'un seul rêve. Il a dû s'étonner d'apercevoir, entre les feuillages devenus hostiles, un ciel qu'il n'avait jamais vu; trembler de découvrir à quel point la rose était un objet grotesque, à quel point le soleil criard écrasait les jeunes pousses de gazon. Un monde nouveau, concret et pourtant irréel, où de mornes fantômes, ne pouvant respirer qu'à travers leurs songes, dérivaient au hasard - tel ce personnage surnaturel, au visage de cendres, qui glissait vers lui parmi les troncs informes.

Quand je m’avançai pour prendre congé je m’aperçus que le visage de Gatsby avait repris son expression d’ahurissement comme si un doute vague se levait en lui sur la qualité de son bonheur actuel. Presque cinq ans ! Il devait y avoir eu des instants, même en cet après-midi, où Daisy ne s’était pas montrée à la hauteur de ses rêves – non pas par sa faute, mais à cause de la colossale vitalité des illusions de Gatsby. Elle l’avait dépassée, elle avait tout dépassé. Il s’était jeté en elle avec la passion d’un créateur, l’accroissant sans répit, l’ornant de toutes les plumes brillantes qui lui tombaient sous la main. Rien n’est comparable au volume de feu ou de fraîcheur que l’homme peut emmagasiner dans son cœur spectral.

Le visage clair de Daisy se levait lentement vers lui, et il sentait son coeur battre de plus en plus vite. Il savait qu'au moment où il embrasserait cette jeune fille, au moment où ses rêves sublimes épouseraient ce souffle fragile, son esprit perdrait à jamais l'agilité miraculeuse de l'esprit de Dieu. Il avait alors attendu, écouté encore un moment la vibration du diapason qui venait de heurter une étoile, puis il l'avait embrassé, et à l'instant précis où ses lèvres touchaient les siennes, il avait senti qu'elle s'épanouissait comme une fleur à son contact, et l'incarnation s'était achevée.

Les 2 adaptations de Gatsby, trouvez l'erreur



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