Qui aidera les travailleurs grecs, et comment ?
L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES
par DanielGluckstein,Secrétaire national du POI.
par DanielGluckstein,Secrétaire national du POI.
Les premières mesures annoncées dimanche 8 février devant le Parlement grec par le Premier ministre, Alexis Tsipras, marquent indiscutablement un changement d’orientation.(1)
Les travailleurs des autres pays d’Europe considéreront avec sympathie la liste des décisions qui annulent et inversent plusieurs mesures anti-ouvrières, antisociales et antidémocratiques prises depuis des années par les gouvernements aux ordres de la troïka (lire p. 10).
En sens inverse, les gouvernements des principales puissances capitalistes et les institutions de l’Union européenne s’inquiètent et multiplient les pressions. Mais avec une limite, fort justement décrite par le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis : « L’euro est fragile comme un château de cartes. Si vous retirez la carte grecque, les autres s’effondreront. »
Face à ces pressions, les travailleurs de tout le continent se posent la question : comment aider les travailleurs et le peuple grecs ? Faut-il demander à la Banque centrale européenne — comme le fait, dans les colonnes deL’Humanité, Bernd Riexinger, coprésident de Die Linke — de bien vouloir « réorienter sa politique monétaire pour permettre un vrai développement économique et inscrire dans ses missions la lutte contre le chômage de masse » ? Mais le rôle de la BCE, défini par les traités successifs, c’est de préserver l’intérêt des capitalistes, des banquiers et des spéculateurs, et rien d’autre !
Faut-il revendiquer pour la troïka « une plus forte légitimité démocratique », comme le fait Martin Schulz, président du groupe socialiste européen, dans les colonnes de L’Humanité, qui lui souhaite « d’aller jusqu’au bout de sa logique pour accompagner Alexis Tsipras dans sa lutte contre l’austérité » ?
Faut-il s’adresser à François Hollande, à qui Jean-Luc Mélenchon vient d’écrire pour l’inviter à « jouer un rôle décisif dans la discussion qui va s’ouvrir » sur la Grèce ? Un rôle décisif ? Sans doute, mais lequel ? Le ministre Sapin déclare que dans la négociation qui s’ouvre, « deux principes » doivent être respectés : d’une part, « le respect du vote grec », et, d’autre part, « le respect des règles européennes inscrites dans les traités auxquels la Grèce a adhéré, comme celles du bon fonctionnement de la BCE et du Fonds monétaire international ». Autrement dit : le peuple grec est souverain… aussi longtemps qu’il ne remet pas en cause les injonctions de la BCE et du FMI, c’est-à-dire des institutions du capital financier !
Qui osera dire que la souveraineté des peuples et le respect de la démocratie sont compatibles avec le maintien des institutions de l’Union européenne ?
La meilleure aide que la classe ouvrière française puisse apporter aux travailleurs et au peuple grecs, c’est de contraindre notre propre gouvernement à reculer sur les plans anti-ouvriers découlant de sa soumission à la BCE, à commencer par la loi Macron et le pacte de responsabilité. Cela ne peut se faire ni par des lettres ouvertes ni par des suppliques, mais par le seul moyen de la mobilisation unie, de la lutte de classe dans l’unité des travailleurs et de leurs organisations pour contraindre Hollande et Valls à reculer. Ainsi sera confortée la résistance de la classe ouvrière grecque. Ainsi sera ouverte la voie au combat commun de tous les peuples d’Europe pour en finir avec la dictature de la troïka, de la BCE et de l’euro.
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