vendredi 29 mars 2013

François Hollande,comme un avion sans ailes

François Hollande,comme un avion sans ailes




Disons-le clairement,il n'y eut jamais ou rarement une si totale et si peu banale indifférence à l'égard de quelqu'un appelé à une si haute fonction.
La vérité étant que malgré les efforts des journalistes pour donner sang et vie à ce fantôme,chacun se fout éperdument de savoir s'il aime le gigot,ou prend du clafoutis au dessert
Cette solitude n'est même pas celle attachée à la sacralité du pouvoir,le voile racinien qui protège les puissants par la terreur et la crainte magiques qu'ils inspirent,ce voile s'est déchiré depuis longtemps et cet homme n'est plus ,comme il le dit lui même dans un aveu terrible de sens,qu'un Président banal
Cet homme n'inspirera aucun roman,il aurait du pour cela être au moins un Rastignac et son nom ne sera jamais donné qu'à un square ou une impasse.
Bien entendu ,la seule chose qui importe est la racine historique de ce décalage si frappant entre l'insignifiance maussade de cet homme,le tragique son époque et la charge terrible qui lui incombe.
Il est le premier Président de la Sème République à avoir été porté au pouvoir sans aucune espérance ni aucune illusion ou des illusions si faibles qu'elles se sont vite fracassées sur la réalité de sa politique.
L'impasse historique dans laquelle il se trouve enfermé est celle de toutes la bourgeoisie européenne,celle qui découle de la tache monstrueuse qu'elle s'est assignée,en finir avec la civilisation européenne,détruire de fond en comble les fondements de la démocratie politique et des droits ouvriers.
Un tel programme ,celui contenu dans les différents traités européens et en particulier le TSCG,celui qui est inscrit dans les actes et déclarations de tous les gouvernements européens,prend un véritable contenu de guerre civile,il implique un bouleversement complet de tous les rapports, de la forme même de l’État,des rapports entre les gouvernements et la société civile.
Ce que l'on appelle la gauche française s'appuie sur 2 héritages historiques qui trouvent leur sanction juridique et sociale dans l'organisation même de la République.
L'héritage de la Révolution française,c'est à dire l'existence d'une démocratie parlementaire,d'une organisation du territoire fondée sur les communes et les départements et enfin l'unité de la République, cette unité s'incarnant dans l'existence d'une école publique unifiée par des programmes nationaux et le statut national de ses personnels.
Le second héritage est celui des luttes de classe,du combat séculaire pour arracher un Code du travail ,des conventions collectives,le droit des organisations syndicales à la libre négociation,l'existence d'un régime général de Sécurité Sociale fondée sur le salaire différé,les droits à la retraite ,aux allocations familiales,à l'accès aux soins et à tout ce qui nous préserve de la déchéance et du dénuement complet.

La solitude de François Hollande,le drame historique dans lequel il va jouer le plus vilain rôle est l'obligation où il s'est placé d’être le fossoyeur de la République,le liquidateur de ce l'écrasante majorité du peuple considère comme sacré et inviolable.
Le drame de François Hollande et sa solitude,son isolement ,le gouffre béant qui s'ouvre devant lui a une origine sociale et politique.
Le corps de la République est encore vivant,la classe ouvrière et ses organisations sont encore vivants et bien décidés à survivre.
Ils sont vivants dans la conscience de millions d'hommes et de femmes.
Ils sont vivants dans l'attachement fanatique et qui pourrait devenir féroce de millions d'hommes et de femmes a préserver tout ce qui fonde une existence dans la liberté et la dignité.
Ils sont vivants dans la résistance des maires et des élus ,leur attachement à la démocratie communale menacée.
Ils sont vivants dans le refus des organisations syndicales de s’intégrer à l' Union Nationale,de signer des accords scélérats,vivants dans ces centaines de délégués au Congrès de la CGT ,debouts et scandant pour exiger le Retrait de l'accord MEDEF-CFDT.
Vivants dans la grève générale des instituteurs,les 80% de conseils municipaux refusant d'appliquer la Réforme Peillon à la prochaine,ni à aucune autre rentrée pour beaucoup..
Vivants enfin dans ces regards tournés vers Athènes,Lisbonne ou Madrid,attendant l'étincelle qui allumera le soulèvement de tous les peuples d'Europe.
Certains hommes ont la prétention ou la vanité de croire qu'ils peuvent écrire l'Histoire.
'ils considèrent la vie des peuples, leur activité et celles de l’État, comme une comédie au sens le plus vulgaire du mot, comme une mascarade, où les grands costumes, les grands mots et les grandes poses ne servent qu’à masquer les canailleries les plus mesquines.' ils ne sont rien d'autre que 'le grave polichinelle qui ne prend plus l’histoire pour une comédie, mais sa propre comédie pour l’histoire.'
L' Histoire ,la vraie, n'est pas encore écrite et la messe n'est pas dite,ou plus précisément elle est en train de s'écrire dans cet isolement,ce rejet où sont exposés tous ceux qui portent à bout de bras et bien au delà de leurs forces,les plans destructeurs de l'Union si peu européenne
L'impression profonde d'ennui qu'a suscité une intervention présidentielle n'est que le signe annonciateur d'une rupture dont chacun commence à mesurer, avec beaucoup d'effroi ou d’espérance,les conséquences à venir.


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