dimanche 20 décembre 2015

Grand meeting pour la levée de l’état d’urgence samedi 23 janvier 14h30 à l’Espace Charenton (Paris 12è)

Grand meeting pour la levée de l’état d’urgence samedi 23 janvier 14h30 à l’Espace Charenton (Paris 12è)


Grand meeting pour la levée de l’état d’urgence
le samedi 23 janvier 2016

Le 3 décembre, nous étions 333 à lancer l’appel « pour la levée de l’état d’urgence ».
Le 14 décembre, cet appel des 333 devenait l’appel des 1 000.
Aujourd’hui, ce sont environ 10 000 travailleurs, jeunes, salariés, retraités, exprimant une grande diversité politique, syndicale, associative, professionnelle et géographique, qui, de toute la France, ont signé l’appel « pour la levée de l’état d’urgence ».

Le 23 janvier à Paris, soyons présents au grand meeting d’unité pour la levée de l’état d’urgence
A 14 h 30, Espace Charenton, 327, rue de Charenton, 75012 Paris (M° Porte-de-Charenton)
Ils prendront la parole :
  • Pouria Amirshahi, député PS
  • Esther Benbassa, sénatrice, vice-présidente de la commission des lois
  • Patrick Baudouin, avocat, président d’honneur de la FIDH
  • Claude Charmont, syndicaliste, Seine-et-Marne
  • Denis Collin, philosophe
  • Sergio Coronado, député Vert
  • Jacques Cotta, journaliste et réalisateur
  • Dominique Coujard, magistrat honoraire, ancien président de cour d’assises de Paris
  • Daniel Gluckstein, secrétaire national du POID
  • Dominique Gros, universitaire
  • Jean-Jacques Karman, membre du conseil national du PCF
  • Eric Le Courtois, syndicaliste, Côtes-d’Armor
  • Noël Mamère, député
  • Jean-Jacques Marie, historien
  • Patrick Picard, syndicaliste, Paris
  • Clarisse Taron, Syndicat de la magistrature
  • Philippe Torreton, acteur

Avec l’état d’urgence, nous n’avons pu trouver de salle gratuite pour la tenue de ce meeting. Est donc louée une salle payante. Nous en appelons à l’aide financière de tous pour que puisse se tenir ce meeting (N’hésitez pas à nous faire savoir, dès maintenant, les versements que vous pourrez effectuer).
Pour les dons par chèques, les libeller à l’ordre suivant : Crédit mutuel compte 0603920920341
Les envoyer à l’adresse : Crédit mutuel Montmartre, 13 rue des abbesses, 75018 paris.
Versement par compte paypal à l’adresse : association.lasociale@orange.net
Pour les dons en ligne, un lien sera mis en service dans les jours qui viennent.
Pour tout contact : Jacques Cotta, tél. 06 19 84 80 60 ; Maurice Stobnicer, tél. 06 87 87 95 02 – Mail : appel-levee-etat-urgence@orange.fr

dimanche 6 décembre 2015

Premier bilan

Tous ensemble, les partis qui on assumé les politiques d'austérité depuis 30 ans ne réprésentent pas 18 % des électeurs inscrits.
Tous ensemble, PS, PCF,écologistes,LR, tous ceux qui depuis des décennies se sont soumis à tous les plans et à toutes les injonctions de l'Union européenne sont balayés, battus, défaits.Le gouvernement Hollande Valls, ce gouvernement des milliards versés aux patrons au nom du Pacte de Responsabilité, ce gouvernement est seul ce soir devant un pays hostile,devant des millions de travailleurs qui dans tous les quartiers ouvriers se sont abstenus massivement. ;
Ce gouvernement qui voudrait soumettre tous le pays à l'état d'urgence et au nom de l'état d'urgence soumettre les syndicats et interdire les manifestations ouvrières, ce gouvernement de guerre et de misère ne dispose d'aucun soutien dans les usines,les bureaux ou les campagnes.
Il en a fallu des reniements ,des trahisons, des plans Macron et Touraine, des lois et des menaces contre les communes et les départements ,contre la République elle même pour en arriver à ce cataclysme.
Au moment où les sommets du Parti socialiste décident d'offrir leurs voix aux candidats de Sarkozy, plus que jamais se pose la nécessité et l'urgence d'un débat d'une discussion entre tous les militants pour jeter les bases d'une nouvelle représentation politique
La voie de la soumission aux capitalistes et aux banquiers ,la voie de la soumission à l'Union européenne, cette voie est celle de la défaite, celle qui ouvrirait la voie aux pires aventures ;
Dans l'histoire de ce pays, ce sont toujours les ouvriers, les paysans et la jeunesse qui ont été les défenseurs de la République et il en sera encore ainsi.
Cette défense, ils l'exerceront avec leurs moyens,leurs méthodes,leurs objectifs, ceux de la lutte des classes,ceux de la mobilisation,de la levée en masse pour la reconquête de tous les droits ouvriers et démocratiques.
Il n'est pas d'autre voie et il n'y en aura jamais d'autres,telles sont quelques unes des leçons que nous pouvons commencer à tirer ce soir

samedi 5 décembre 2015

La très soudaine et suspecte conversion de Total et d’Engie à la lutte contre le réchauffement climatique

La très soudaine et suspecte conversion de Total et d’Engie à la lutte contre le réchauffement climatique

source: basta

Présentation

Au moment où l'on veut nous faire croire qu'Hollande ou Obama vont sauver la planète, cet article trouvé sur un site  web nous fournit un éclairage important sur les enjeux financiers de cette Conférence sur le climat dont on nous rabat les oreilles
Les grandes multinationales omniprésentes et invitées officielles à cette conférence manifestent une sollicitude aussi soudaine qu'inattendue pour notre bonne vieille planète.
Comme chacun peut s'en douter, les capitalistes,les banquiers et les gouvernements à leur service ne se soucient ni des hommes ni des bêtes et la marche à la barbarie qu'ils organisent constitue la principale menace qui pèse sur tout ce qui vit et respire/alors pourquoi cette passion écologique qui les anime ?
Cet article  apporte quelques réponses bien instructives

Jacques



Conférence sur le climat oblige, une partie de l’industrie pétrolière et gazière tente de faire oublier son image de pollueur et d’amie des climato-sceptiques. Le groupe français Engie annonce vouloir se désintoxiquer du très polluant charbon et Total affiche son intérêt pour les énergies renouvelables. Que cache ce soudain engouement pour la transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique, alors que leur concurrent états-unien Chevron se précipite vers les gisements de gaz de schiste ?
Les pétroliers seraient-ils en train de se convertir massivement à la protection de l’environnement ? On pourrait être tenté de le croire tant l’offensive médiatique se déploie : tribunes dans la presse, conférences et événements publics autour de la COP21, intensives campagnes publicitaires. Les géants du pétrole et du gaz, à commencer par les français Engie et Total, on mis leurs conseillers de communication au bord du burn out. Cette fois, assurent-ils, ils auraient définitivement abandonné toutes réticences à aborder sérieusement l’enjeu climatique et à accepter de réduire drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre. « Les entreprises ont pris conscience de la gravité de l’enjeu climatique. Ce n’était pas vraiment le cas [lors des conférences sur le climat de] Copenhague et Johannesbourg », assure ainsi Gérard Mestrallet, PDG d’Engie [1].
Ce changement de ton augure-t-il d’un véritable changement de fond ? Non, si l’on en croit les Amis de la terre, qui ont nominé Engie et Total, mais aussi Chevron, au« prix Pinocchio du climat ». Les firmes pétrolières et gazières sont bien prêtes à abandonner le charbon, la plus polluante des énergies fossiles, mais seulement à condition de lui substituer le gaz – de schiste si possible. Et d’éviter toute forme de régulation contraignante, au profit de mécanismes « basés sur le marché », contrôlés par le secteur privé, comme l’illustre la revendication d’un « prix mondial du carbone ». Le tout au détriment d’une véritable transition énergétique [2]

Engie s’affiche en « leader européen de la transition énergétique »...

Aucune entreprise n’a autant misé sur la Conférence climat de Paris qu’Engie (anciennement GDF Suez). Sponsor officiel du sommet, ainsi que de plusieurs événements connexes comme Solutions COP21, le géant français de l’énergie a lancé une grande campagne de communication pour vanter ses investissements dans les énergies vertes et se présenter en « leader européen de la transition énergétique ». Ses dirigeants s’affichent aux côtés des ministres français et ne manquent pas une occasion de se poser en défenseur du climat auprès de leurs employés. Engie a même annoncé, il y a quelques semaines, l’abandon de tout nouveau projet de centrale à charbon, et notamment de deux projets contestés par les ONG environnementales en Afrique du Sud et en Turquie.
Pourquoi tout ceci ne suffit-il pas aux écologistes tatillons qui organisent les « prix Pinocchio du climat » ? Ils regrettent qu’Engie n’abandonne que des projets de centrales au charbon très incertains, tout en poursuivant d’autres projets en cours tout aussi polluants. Le groupe envisage bien de se débarrasser de ses centrales existantes. Plutôt que les fermer, Engie compte les revendre. L’entreprise continue à développer les autres énergies fossiles, pétrole et gaz, y compris du gaz de schiste, dans le cadre d’un joint-venture avec un fonds souverain chinois.
Surtout, le soudain zèle climatique des dirigeants d’Engie constitue un virage à 180 degrés par rapport à leur position d’il y a quelques mois, où ils pourfendaient les énergies renouvelables, estimant qu’on allait « trop vite » en matière de transition énergétique [3]. Pour les ONG, c’est le signe que derrière un changement apparent, la stratégie de l’entreprise demeure identique : une stratégie financière – Engie a distribué des dividendes deux fois supérieures en moyenne à ses profits – fondée sur l’accaparement de « rentes » énergétiques abondées par les pouvoirs publics, les citoyens et les usagers.

Gaz contre charbon : un jeu de dupes pour le climat

Du côté de Total, son effort de communication à l’approche de la COP21 consiste principalement à défendre la cause du gaz, présenté comme une énergie « propre » indispensable à une transition en douceur vers une économie bas carbone. On en oublierait presque que le gaz reste une énergie fossile, dont la combustion est l’une des principales sources du réchauffement. Considérer le gaz comme une énergie « propre » s’accorde mal avec l’expérience quotidienne de dizaines de communautés riveraines d’exploitations gazières, comme celles de Total au Nigeria (lire notre article). « L’engouement de Total pour le gaz n’est pas l’expression d’une soudaine préoccupation pour la crise climatique, mais qu’une défense de ses propres intérêts », estiment les Amis de la terre.
Plus grave encore, le gaz de schiste et les autres gaz dits « non conventionnels » – extraits au moyen de la fracturation hydraulique – sont probablement tout aussi nocifs pour le climat que le charbon. Le recours à la fracturation hydraulique entraîne des risques accrus de fissuration des puits de forage, avec pour résultat des fuites importantes de méthane dans l’atmosphère, un gaz 84 fois pire pour le climat que le dioxyde de carbone. Or Total, quel que soit le pays où le pétrolier opère, est un ardent promoteur des gaz non conventionnels [4].
La mise en lumière du véritable impact climatique du gaz de schiste a de quoi tempérer l’optimisme affiché suite aux annonces récentes de l’administration Obama. Celle-ci a mis l’accent sur la sortie du charbon [5]. Une bonne nouvelle, sauf l’extraction de gaz de schiste se poursuit et s’intensifie, compte-tenu des fuites de méthane. Le passage du charbon au gaz de schiste ressemble fort à un jeu de dupes pour le climat.

Chevron impose le gaz de schiste à l’Argentine

Pour Chevron et plus largement pour l’industrie pétrolière nord-américaine, en revanche, c’est une source potentielle de profits considérables. Elle n’a donc pas hésité à déployer les grands moyens pour imposer le gaz de schiste en Europe de l’Est, puis, avec plus de succès, en Argentine. Chevron se trouve en première ligne de la ruée des multinationales (comme Total et Shell [6]) sur la province de Neuquén, en Patagonie. Elle a été la première à obtenir une concession en 2013 et a su s’approprier les gisements les plus prometteurs.
En brandissant la promesse d’un investissement de plusieurs milliards de dollars dans le pays, Chevron a convaincu les autorités argentines de lui accorder des conditions d’exploitation et un régime fiscal extrêmement favorables. La compagnie a aussi menacé de renoncer à tous ses investissements au cas où les procédures intentées en Argentine par les victimes de ses crimes environnementaux en Équateur n’étaient pas rejetées [7]. Quelques jours à peine après que la Cour suprême ait finalement rendu un arrêt favorable à Chevron, son PDG John Watson signait en grande pompe son contrat de concession en Patagonie avec l’entreprise publique argentine YPF, en présence de la présidente argentine Cristina Kirchner. Les manifestations qui ont suivi ont été violemment réprimées (lire notre article).

La véritable cible des pétroliers : la transition énergétique

Sous leurs nouveaux habits verts, Total, Engie et les autres géants européens de l’énergie vont-ils vraiment polluer moins ? Pour les Amis de la terre, ce qui illustre le mieux leurs véritables objectifs, ce sont les révélations du Guardian, début 2015, sur l’entrisme des firmes pétrolières dans les lobbies européens de l’énergie solaire et éolienne [8]. Total s’est retrouvée avec deux sièges, dont celui de président, au conseil d’administration de l’association professionnelle européenne du solaire – une activité encore très marginale dans le groupe. Et avec un siège au conseil d’administration de l’association professionnelle européenne de l’éolien : un secteur dans lequel la firme française n’a absolument aucune activité ! Coïncidence ? Les deux lobbies en question ont revu à la baisse leurs ambitions, alors qu’ils réclamaient auparavant 100% de renouvelables dès 2030 en Europe. Et ont salué le gaz comme un « complément naturel » au solaire et à l’éolien. Étonnant, non ?
Le secteur pétrolier et gazier a ainsi réussi à empêcher l’adoption d’objectifs contraignants et ambitieux au niveau européen en matière d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique. Seul subsiste un objectif général de réduction des émissions de gaz à effet de serre, plus facile à contourner grâce au gaz et aux marchés du carbone. Pour les Amis de la terre et leurs partenaires, « le but de [ces entreprises] est d’assurer la préservation de [leur] fonds de commerce pour les décennies à venir – en détournant les investissements dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique et en empêchant toute authentique transition énergétique. » L’opération sera-t-elle rééditée à Paris dans le cadre de la Conférence climat ?
Olivier Petitjean

Le delta du Niger : un terrain de jeu pour les compagnies pétrolières, un désastre écologique pour les populations

Le delta du Niger : un terrain de jeu pour les compagnies pétrolières, un désastre écologique pour les populations

source: BASTA

Le groupe pétrolier TOTAL est l'un des principaux sponsors de la Conférence sur le climat.Ses dirigeant multiplient les "réunions de travail " avec Hollande, Valls, Obama et autres amis bien connus  de l'environnement
Le site BASTA nous fournit un nouvel article qui apporte un éclairage salutaire sur la fibre écologique de nos grands prédateurs



Le Nigeria est l’un des principaux terrains d’action des multinationales pétrolières occidentales. Leurs activités y ont entraîné un désastre environnemental de grande ampleur, qui laisse les communautés locales de plus en plus dépourvues de moyens de subsistance, et provoquent régulièrement des explosions de violences. Les opérations de Total dans le territoire du peuple Egi ne semblent pas déroger à la règle. Si le géant français vante ses relations « cordiales » avec les populations environnantes, les témoignages recueillis sur le terrain racontent une toute autre histoire.
Tout a commencé par une « explosion souterraine, accompagnée d’un incendie sous la terre ». Ces événements ont été suivis d’« éruptions de gaz très explosives ». Une éruption « si forte que la pression a transporté la boue jusqu’à la hauteur d’un très grand palmier. » Et le premier jour de cette catastrophe « les gens fuyaient pour s’abriter, car le gaz sortait de terre mélangé à la boue, en faisant d’énormes trous. »« Même dans mon champ de manioc, les feuilles sont toutes devenues anormales. Celles que nous avons réussi à récolter ne sont pas assez bonnes, et nous avons peur de les consommer », témoigne un paysan.
Nous sommes le 19 mars 2012, dans le delta du Niger, au Nigeria. La catastrophe décrite n’a rien de naturelle. Elle se déroule sur le territoire riche en hydrocarbures qu’exploite la compagnie pétrolière française Total. Et le calvaire ne fait que commencer pour les population Egi qui habite les lieux. « Il y avait des expatriés [de Total] sur place et nous leur avons posé des questions. Ils nous ont dit qu’il n’y avait pas de solution au problème et qu’il fallait leur laisser quelques mois pour en trouver une », raconte un habitant. « Il y a des panneaux de mise en garde dans toute la zone. Total vient de les installer pour avertir les gens des risques liés aux fuites de gaz. Imaginez-vous, on ne peut même plus utiliser un téléphone portable par crainte de provoquer un incendie ! » Des villageois se voient interdire de construire le maison, au risque de provoquer des fuites de gaz. La consommation de l’eau des puits est bannie [1]...
Au bout de deux ans, aucune solution miracle n’a été trouvée par les ingénieurs de Total. Les panneaux conseillant aux habitants de ne pas utiliser leurs téléphones, de ne pas faire de feu, de ne pas conduire de motos, sont toujours en place, selon les constatations l’ONG nigériane Environmental Rights Action (ERA) en octobre 2014. Le « bruit montant et descendant des éruptions de gaz, semblable à celui que font les vagues de l’océan » continue d’effrayer. Sans oublier « l’importante présence policière ». Ce que Total ne se permettrait jamais en Europe ou en Amérique du Nord, la multinationale se l’autorise allègrement en Afrique de l’Ouest. Pour ces raisons, l’entreprise se trouve aujourd’hui nominée, sur proposition de l’ERA, de Sherpa et des Amis de la terre France, au prix Pinocchio décerné à « l’entreprise ayant mené la politique la plus agressive en terme d’appropriation, de surexploitation ou de destruction des ressources naturelles ».

Des communautés sans recours face aux multinationales

Le sort du peuple Egi reflète celui de nombreuses autres communautés de la région du delta du Niger. Les grandes multinationales pétrolières occidentales – Shell, BP, ExxonMobil, Chevron, ENI, Total… – se sont installées depuis les années 1960 dans cette vaste zone humide riche en hydrocarbures. Alors qu’il ne représente que 7% du territoire du Nigeria, le delta du Niger abrite plus de trente millions de personnes, réparties en une mosaïque d’ethnies. Des communautés condamnées à une coexistence forcée avec l’industrie pétrolière et gazière. 10 000 kilomètres de pipelines – souvent anciens et mal entretenus – sillonnent la région. De nombreux rapports d’ONG ou d’organisations internationales comme le Programme des Nations unies pour l’environnement ont révélé l’ampleur de la pollution pétrolière qui sévit dans le delta du Niger, et le peu d’empressement des multinationales pour nettoyer les dégâts occasionnés directement ou indirectement par leurs activités [2].
La sévère pollution de l’air et de l’eau qui en résulte affecte directement les moyens de subsistance des populations locales, qui dépendent de la pêche ou de l’agriculture pour leur survie. Les bénéfices économiques du pétrole et du gaz n’existent pas pour ces communautés, qui vivent pour la plupart en dessous du seuil de pauvreté. Pire encore, le delta du Niger subit une violence endémique, attisée par les conflits liés à l’accès à la terre – de plus en plus rare – et par l’appât des revenus pétroliers. Conséquence : l’espérance de vie dans la région ne dépasse pas 43 ans !

Des autorités publiques corrompues

Littéralement envahies par les opérations pétrolières et gazières, les communautés du delta ne peuvent pas compter sur la protection des autorités publiques nigérianes. Celles-ci semblent souvent davantage intéressées par les avantages économiques légaux ou illégaux qu’elles retirent de la présence des multinationales et de leurs filiales. Le Nigeria est classé 144e sur 177 dans l’indice de perception de la corruption établi par l’ONG Transparency international. Les décisions de justice favorables, lorsqu’elles existent, ne sont pas toujours suivies d’effet. Les communautés ont donc été contraintes de recourir au droit international, en saisissant la justice des pays d’origine des multinationales concernées.
Des procédures judiciaires très médiatisées avaient été lancées contre le groupe anglo-néerlandais Shell aux États-Unis, en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas. Un combat dangereux : plusieurs militants de la minorité Ogoni, dont le poète Ken Saro-Wiwa, ont été assassinés en 1995, après avoir réussi à chasser Shell de leur territoire, ce qui avait donné lieu à une procédure judiciaire contre l’entreprise aux États-Unis – une procédure cassée en 2013 par la Cour suprême américaine [3]. En quittant l’Ogoniland, Shell a laissé derrière elle un véritable désastre environnemental, dénoncé par un rapport des Nations Unies de 2011. L’entreprise a alors promis de procéder à une restauration environnementale de la zone, pour un coût estimé à un milliard de dollars. Selon un rapport publié il y a quelques semaines par les Amis de la terre et Amnesty international, Shell n’a encore rien accompli. Des procédures judiciaires sont toujours en cours aux Pays-Bas et en Angleterre.
Le torchage du gaz constitue une bonne illustration de l’atmosphère de non-droit qui règne autour des activités pétrolières et gazières au Nigeria. Elle est légalement interdite au Nigeria depuis 1984, mais les multinationales pétrolières et gazières continuent à y recourir. Cette pratique consiste à brûler, pour des raisons purement économiques, le gaz s’échappant dans l’atmosphère lors des forages pétroliers, avec pour conséquence d’augmenter encore les émissions de gaz à effet de serre. La pollution de l’air qui en résulte entraîne des pluies acides, qui aggravent encore les difficultés d’approvisionnement en eau potable. « En ce moment, nous ne consommons plus d’eau de pluie dans notre communauté en raison de la pollution causée par le torchage de gaz. Nos toits en tôle ondulée n’y résistent plus non plus », témoignent des habitants. Pourtant, ce gaz pourrait pourtant être mis à la disposition des populations environnantes, qui souffrent de difficultés d’accès à l’énergie...
Dans sa réponse aux Amis de la terre et à Sherpa suite à sa nomination au prix Pinocchio [4], Total avance que « pour être plus précis, depuis 1984, le torchage est soumis à une autorisation ». Un argument réfuté par les ONG, qui rappellent que la Haute cour fédérale du Nigeria a confirmé l’interdiction du torchage en 2005, et demandent à Total de publier ces « autorisations » dont le groupe se prévaut [5].

Accaparement des terres et expropriation des paysans

Autre enjeu, celui des terres et des ressources naturelles dont ces communautés dépendent pour leur subsistance. Celles qui ne sont pas rendues inutilisables par la pollution quotidienne et les accidents sont peu à peu grignotées pour les besoins des multinationales. Le gouvernement nigérian a mis en place une législation facilitant l’expropriation des paysans au bénéfice des opérateurs pétroliers, avec des obligations de compensation très limitées. Dans le territoire du peuple Egi, Total a engagé en 2006 un processus d’acquisition de nouvelles terres pour étendre son usine locale provoquant un mouvement de protestation qui a dégénéré en violences [6]. Dans d’autres cas, Total est accusée d’avoir délibérément ignoré les propriétaires traditionnels, s’accaparant leurs terres comme s’ils n’existaient pas ou comme si elles appartenaient à d’autres. Les éruptions de gaz de 2012 sont attribuées par beaucoup de riverains à l’usage mal contrôlé par Total d’une technique de forage horizontal, mise en œuvre pour opérer « sous » de nouveaux terrains sans avoir à compenser leurs propriétaires.
Accusé d’accaparement par les communautés, Total répond avoir mis en place une« équipe de 5 personnes, dont l’une des missions est précisément de visiter les communautés et de négocier les accords lorsqu’il y a acquisition de terrains, qui font l’objet de contrats agréés par les parties ». Mais, pour les associations, cela ne signifie pas grand chose dans le cadre d’un rapport de forces totalement déséquilibré, alors que les paysans n’ont souvent pas d’autre choix que de partir. Qui est là pour s’assurer que la compensation est équitable et transparente ? Les témoignages recueillis sur le terrain font état de compensations partielles ou symboliques, un peu d’argent pour payer les cultures en train de pousser.
Les possibilités d’emploi offertes par Total sont loin de compenser la destruction des moyens de subsistance traditionnels. L’entreprise elle-même parle de cent emplois directs, auquel il faut ajouter une multitude de petits boulots auxiliaires, pour une population de plusieurs centaines de milliers de personnes. Pour de nombreux Egi, les perspectives d’avenir sur leurs terres ancestrales s’amenuisent de plus en plus :« Nous attendons que Total vienne et nous reloge. Non pas que nous soyons désireux de céder nos terres et nos maisons à l’entreprise. Si nous voulons être relogés, c’est que nous ne voulons pas mourir », entend-on

Diviser pour régner ?

Pour couper court aux critiques, Total ne manque pas une occasion de mettre en avant le « protocole d’accord » et le « plan de développement » qu’elle a initiés après les manifestations violentes de 2006. Avec un interlocuteur que l’entreprise s’est elle-même choisi, l’Egi People Assembly (« Assemblée du peuple Egi »), que Total considère comme représentative car élue « selon un processus local »... Là encore, les associations sont loin d’être convaincues, citant des dizaines d’exemples et de témoignages de membres de la communauté critiquant l’Egi People Assembly ou lui déniant toute légitimité. « Total ne reconnaît et ne veut avoir affaire qu’avec les groupes avec lesquels ils se sentent à l’aise. »
Ces critiques accusent notamment l’interlocuteur privilégié de Total de regrouper des personnes ayant des relations commerciales avec l’entreprise. Ces « représentants » utiliseraient l’argent du « plan de développement » pour des projets fantoches, de manière autocratique. « Si vous critiquez l’Egi People Assembly, soit ils cherchent à vous corrompre et à faire de vous un espion dans votre propre communauté, soit ils menacent de vous tuer. » Certains témoignages signalent même une augmentation des violences en lien avec la répartition de l’argent déboursé par Total aux représentants de l’Egi People Assembly.
Pour les Amis de la terre, derrière les programmes de responsabilité sociale affichés par Total en pays Egi se cache en réalité une stratégie consistant à « diviser pour régner », prenant le risque d’aggraver les tensions au sein des communautés pour dissimuler les conflits fonciers et les pollutions. Il est des circonstances où des réponses partielles et partiales, qui ne remettent pas en cause les fondements même du système – en l’occurrence l’absence d’état de droit –, ne font qu’aggraver les problèmes. La situation actuelle dans le delta du Niger semble bien être de celles-là.
Olivier Petitjean

vendredi 4 décembre 2015

Violence policière à Paris, la preuve en vidéo d'un traquenard

Violence policière à Paris, la preuve en vidéo d'un traquenard

Place de la République la vidéo

Plus que jamais, c'est l'ensemble du mouvement ouvrier et démocratique qui doit s'engager qui doit s'engager
Signiez l'appel en ligne ici

mercredi 2 décembre 2015

Adressée à à tous les citoyens Pour la levée de l'état d'urgence Appel des 333 pour la levée de l'état d'urgence Pour la levée de l’état d’urgence

Adressée à à tous les citoyens Pour la levée de

l'état d'urgence 

Appel des 333 pour la levée de l'état d'urgence

Pour la levée de l’état d’urgence
Après les assassinats barbares commis à Paris le 13 novembre, François Hollande et le gouvernement de Manuel Valls ont décidé « l’état d’urgence », présenté par les sommets de l’Etat comme la réponse à la terreur, à la peur et au désarroi répandus dans le pays, comme la mesure adaptée « pour combattre les terroristes » et « protéger les Français », comme condition de « la sécurité, la première des libertés ».
A leur demande, les 19 et 20 novembre, l’Assemblée nationale puis le Sénat, ont à l’unanimité des groupes politiques qui la composent (à l’exception de six députés qui ont voté contre et une abstention ; et l’abstention de douze sénateurs) ont voté la prolongation de l’état d’urgence et aggravé les dispositions liberticides de la loi de 1955 qui date de la guerre d’Algérie.
Avec l’état d’urgence, ce sont, en réalité, les libertés de tous qui se trouvent dangereusement restreintes et menacées.
Ainsi :
  • Tout individu peut être suspecté en fonction « de son comportement ».
  • « L’assignation à résidence » — l’interdiction d’aller et venir, de se déplacer librement — ne « doit pas viser uniquement les activités dangereuses avérées », mais aussi « les menaces fondées sur des présomptions sérieuses ».
  • Les « perquisitions administratives » deviennent la règle et relèvent de la décision des préfets, représentants directs du gouvernement, en dehors de tout cadre judiciaire.
  • La place du pouvoir judiciaire comme garantie des libertés est bafouée.
  • La mise sous contrôle d’Internet doit permettre au ministre de l’Intérieur de « prendre toute mesure pour assurer l’interruption de tout service de communication en ligne ».
Menace contre les libertés individuelles, l’état d’urgence aboutit à un renforcement considérable du caractère autoritaire de la Ve République.
Mais ce sont aussi les moyens d’action, d’organisation, d’expression, sur le terrain social et politique – qui concernent syndicats, partis, associations – qui sont remis en question.
Ainsi :
  • Le pouvoir se réserve le droit d’interdire tout rassemblement sur la voie publique, ou toute manifestation pour « raison de sécurité ».
  • La loi prévoit la possibilité de « dissoudre les associations ou groupements de fait qui participent, facilitent ou incitent à la commission d’actes portant une atteinte grave à l’ordre public ».
Les notions introduites dans la loi — « comportement », « trouble à l’ordre public », « raison de sécurité », « atteintes graves à l’ordre public » — permettent les interprétations les plus extensives et présentent le risque de mettre en cause très largement tout un chacun.
Sous couvert de combattre « le terrorisme », l’état d’urgence fait peser un danger sérieux sur nos libertés démocratiques, individuelles, sociales et politiques et sur la démocratie.
En conséquence, nous, signataires de cet appel, en appelons à tous nos concitoyens pour exiger, au nom de la liberté, de la démocratie, de la République, la levée immédiate de l’état d’urgence.
Pour tout contact :
Jacques Cotta, tel. 06 19 84 80 60
Maurice Stobnicer, 06 87 87 95 02
Les 333 premiers signataires:
Nadia AÏT-AMER-COURGEAU, fonctionnaire territoriale, syndicaliste (94) ; Jean-Pierre ALLIOT, journaliste (75) ; Pouria AMIRSHAHI, député des français de l’étranger ; Xavier AMOR, syndicaliste (93) ; Caroline ANDREANI, attachée territoriale (93) ; Elyane ARANA, retraitée (64) ; Jean-Michel ARBERET, adjoint au maire (94) ; Jean-François ARNOUD, retraité (94) ; Isabelle ATTARD, députée du Calvados, a voté contre l’état d’urgence (14) ; Violette AUBERGER, conseillère départementale (42) ; Jacques AURIGNY, syndicaliste Education nationale (75) ; Jean-Paul AUXEMERY, écrivain, traducteur (21) ; Pascal AVILA, syndicaliste (57) ; Michel BARBE, agrégé d'histoire-géographie, syndicaliste libre-penseur (13) ; Alain BAROUILLET, agent en inactivité de service EDF-GDF (65) ; Dorothée BARREAU, enseignant (92) ; Jean-Pierre BARROIS, maître de conférence retraité (94) ; Jean BARTHOLIN, conseiller départemental (42) ; Ghislaine BAUDIN, laborantine, syndicaliste (59) ; Patrick BAUDOUIN, avocat, président d’honneur de la FIDH (fédération internationale des ligues des droits de l’homme) (75) ; Laurent BAUSSIER, enseignant, responsable syndical (27) ; Sylvie BAUSSIER, auteur (27) ; Tristan BEAL, professeur des écoles, syndicaliste (92) ; Emmanuelle BEAUDOIN, auto-entrepreneur, militante associative (91) ; Sylvie BÉGOIN, professeure agrégée de mathématiques (6) ; Guy BEGUERIE, syndicaliste (94) ; Faouzia BELHACHEMI, maitre de conférences (77) ; Saïda BENAYAD, enseignante (92) ; Esther BENBASSA, sénatrice (94) ; Luc BENIZEAU, directeur d'école, syndicaliste (94) ; Karim BENMEDJEBER, syndicaliste (57) ; Guy BERNARD, agent de surveillance, syndicaliste (75) ; Arno BERTINA, écrivain (21) ; Olivier BESANCENOT, postier (75) ; Jean-Gilles BESLES, retraité de l’Education nationale (89) ; Julien BESSEDJERARI, fonctionnaire territorial, conseiller municipal (54) ; Daniel BONDIS, ouvrier (91) ; Jean BONNET (93) ; René BOUCHAIB, syndicaliste (94) ; Denis BOUCHARINC, avocat (31) ; Hugo BOUCHER, étudiant en information et communication ISIC Bordeaux (33) ; Pierre-Yves BOUDER, formateur pour adultes - graphiste, adjoint au maire (95) ; Martine BOUDET, professeure agrégée de Lettres Modernes, militante associative (31) ; Christian BOUGET, syndicaliste postier (42) ; Jean-Michel BOULME, adjoint au maire (01) ; Sylvain BOULME, enseignant-chercheur (38) ; Olivier BOUR, professeur de philosophie (88) ; Antoine BOURGE, professeur d’anglais (27) ; Dominique BOUVERET, militant laïque (01) ; Jean-claude BOUVIER, magistrat (75) ; Cécile BRANDELY, avocat (31) ; Ann BRETON DES LOYS, assistante vétérinaire (22) ; Christine BRIANT-BAZIN, directrice d'école, syndicaliste (94) ; José BRUNED, enseignant (29) ; Emmanuel CABO, syndicaliste hospitalier (75) ; Bruno CAMMAN, professeur des écoles, syndicaliste (11) ; Thérèse-Marie CARDON, professeure d’arts plastiques, syndicaliste (59) ; Bernard CARREZ, syndicaliste (94) ; Didier CARREZ, enseignant, adjoint au maire (59) ; Florian CARREZ, chef d’entreprise, (69) ; Jean-Pierre CASSARD, professeur d'histoire-géographie, syndicaliste (88) ; Aude CATALA, avocat (75) ; Martial CAVATZ, doctorant, chargé de cours en histoire contemporaine (25) ; Dominique CERF, artiste (21) ; Brigit CERVEAUX, enseignante (94) ; Alexis CHARANSONNET, maître de conférence, histoire médiévale (92) ; Julie CHARMOILLAUX, archéologue, syndicaliste (63) ; Dominique CHARPENTIER, infirmière, syndicaliste (64) ; Francis CHARPENTIER, travailleur social retraité, syndicaliste (64) ; Mathieu CHAVANNE, avocat, secrétaire de la conférence (75) ; Alain CHICOUARD, retraité de l’éducation nationale (89) ; Pierre-Yves CHIRON, magasinier, syndicaliste (75) ; Gérard CLEMENT, enseignant retraité (13) ; Renée CLEMENT, enseignante retraitée (13) ; Marie-José CLOISEAU, retraitée, (77) ; Manon COLEOU, étudiante (78) ; Denis COLLIN, professeur de Philosophie, responsable Université Populaire (27) ; Philippe COLLIN, syndicaliste paysan (89) ; Yvan COLLIN, chef de rayon librairie (27) ; Pierre COMBELLES, médecin ORL (65) ; Antoine COMTE, avocat, (75) ; Katel CORDUANT, attachée territoriale, syndicaliste (75) ; Françoise COTTA, avocat (75) ; Jacques COTTA, journaliste-réalisateur (75) ; Magali COTTA, musicienne (75) ; Thibaud COTTA, avocat (75) ; Vanessa COULOUMY, avocate au barreau de Paris (75) ; Annick COUPÉ, syndicaliste (75) ; Thomas COUTROT, militant associatif (75) ; Laurent CRIQUET, agent d’accueil, syndicaliste (27) ; Jacquie CROS, employée retraitée, syndicaliste (34) ; Jean-Paul CROS, ancien directeur d’école, syndicaliste (34) ; Marcel CULLUS, retraité (27) ; Laurent DAMON, médecin (69) ; Quentin DAUPHINE, enseignant, syndicaliste (78) ; Lucie DAVY, avocate au barreau de Lyon (69) ; Christophe DEGENNES, en invalidité suite handicap (75) ; Ada DEGERT, salariée précaire, syndicaliste (64) ; Alain DEGERT, professeur retraité, militant associatif (64) ; Christian DELARUE; Jean DELARUE, conseiller municipal (78) ; Olivier DELBELKE, syndicaliste (94) ; Michel DELÉAN, journaliste (75) ; Hugo DELHOUME, avocat (75) ; Daniel DELREZ, avocat (57) ; Patrice DERAMAIX, bibliothécaire, (Belgique) ; Elisabeth DES, médecin pneumologue allergologue (31) ; Guy DESALASE, conseiller municipal (34) ; Eric DESRUES, logisticien, syndicaliste (18) ; Jean-Marc DEVAUCHELLE, aide-soignant, secrétaire général d'un syndicat de l'AP-HP (75) ; Emmanuel DOCKES, professeur de droit à Paris X, (75) ; Serge DOMBROWSKI, militant politique (95) ; Olivier DORIANE (75) ; François DOUSSAUT, militant syndical (65) ; Marine DROUHET, assistante de réalisation (75) ; Pascal DRUEZ, militant syndical (75) ; Jean DUBESSY, directeur de recherche au CNRS, syndicaliste, militant laïque (54) ; Daniel DUBOIS, enseignant, adjoint au maire (59) ; Patricia DUCROT, employée, syndicaliste (91) ; Robert DUCROT, technicien, syndicaliste (91) ; Christian DUFFY, syndicaliste (75) ; Isabelle DURAND, épicerie indépendante (29) ; Alain DUSSERT, retraité de l’informatique (37) ; Georges DUSSERT PEYDABAY, retraité, militant associatif défense des services publics (65) ; Rémi DUTEIL, syndicaliste (49) ; Emmanuel ESPINASSE, artiste, citoyen (27) ; Christian ETELIN, avocat, (31) ; Hervé FARCY, retraité, syndicaliste (80) ; Isabelle FAUGERAS, militante associative (75) ; Philippe FEFEVRE, journaliste (94) ; Gérard FÉRET, militant politique (27) ; Franck FISCHBACH, philosophe (67) ; Nicole FLORENCE, militante politique (94) ; Olivier FOKS, avocat (75) ; Patrice FORTIER (27) ; Isabelle FOUCHER, archiviste, syndicaliste (75) ; Maurice FRECHURET, historien d'art (21) ; Marie-Pierre FRONDZIAK, professeur de Philosophie, responsable Université populaire, syndicaliste (27) ; Jean-François GARCIA, éditeur indépendant, militant (02) ; Mikaël GARDENT, ingénieur EDF, syndicaliste (92) ; Fanny GARNIER, professeur des écoles (75) ; Samuel GARNIER, enseignant, syndicaliste (21) ; Jean-Philippe GARRIC, professeur à l’université Paris I panthéon sorbonne, architecture Histoire et Civilisation (75) ; Raquel GARRIDO, avocate à la Cour (75) ; Hubert GAUTHIER, agent de maîtrise, syndicaliste (95) ; Dominique GERIN, conservatrice honoraire des bibliothèques (34) ; Bernard GERMAIN, cadre supérieur (22) ; Roland GIACOBAZZI, retraité de la sidérurgie, conseiller municipal (57) ; Denis GIACUZZI, syndicaliste métallurgie (54) ; Dominique GILBERT, travailleur social, syndicaliste (64) ; Lydie GIMENEZ, militante laïque (01) ; Pascale GIRARD, maître de conférence en histoire UPEM (93) ; Jean-Christophe GIRAUD, avocat (69) ; Liliane GIRAUDON, écrivaine (21) ; Daniel GLUCKSTEIN (93) ; Serge GODEFROY, syndicaliste (78) ; Anthony GONNER, informaticien (75) ; Christian GOURDET, ouvrier du livre (95) ; Gisèle GRAMMARE, professeure émérite université Paris I-Panthéon-Sorbonne, (75) ; Pierre GRAND, agent de la fonction publique, syndicaliste (93) ; Pascale GRANDE (42) ; Michela GRIBINSKI, professeur, agrégée des lettres (75) ; Jean GRIMAL, enseignant, syndicaliste (92) ; Céline GRIMAUD, coordinatrice dans une maison de quartier (75) ; Laurent GRISEL, écrivain (89) ; Dominique GROS, universitaire (21) ; Antoine GROUHEL, cadre laboratoire pharmaceutique (86) ; Francis GUERLIN, retraité de l’EN, conseiller municipal (66) ; Samira GUERROUMI, sage-femme, militante associative (94) ; Julie GUILLARME, avocat, (75) ; Patrice GUILLAUME, cadre supérieur retraité, président d'association mémorielle (93) ; Sébastien HAMEL, animateur (fonction publique territoriale) (76) ; Eric HAMRAOUI, enseignant-chercheur (75) ; Eric HAZAN, editeur, (75) ; Marc HEBERT, syndicaliste (29) ; Yannick HENRIO, doctorant en sociologie - magasinier bibliothèque, militant syndical et associatif (95) ; Catherine HERSBERG, écrivain (75) ; André ICARD, avocat au barreau du Val-de-Marne (94) ; Angelo INGARAO (01) ; Evelyne INGARAO (01) ; Elisabeth INSALACO, juriste (69) ; Marc JAMMET, conseiller municipal (78) ; Nathalie JAUDEL, psychanalyste (75) ; Alain JOLIVET, retraité (91) ; Michel JOLY, libre-penseur (27) ; Laurent JOSEPH, syndicaliste (75) ; Marion JOURNET, chargée de marketing évènementiel, (75) ; Mickaël JOUTEUX, enseignant, syndicaliste (69) ; Gérard JUGANT, retraité (13) ; Jean-Jacques KARMAN, élu (93) ; Christel KEISER, conseillère municipale (93) ; Azadeh KIAN, professeure des universités, Université Paris Diderot en Sciences sociales, (75) ; Panthéa KIAN, consultante en informatique (33) ; Sylvère LABIS, retraité BTP (89) ; Marc LAGIER, médecin hospitalier (37) ; Sylvie LAUFFENBURGER, conseillère municipale (78) ; Guénaël LE GRAS, retraité (56) ; Pierre LE PILLOUËR, écrivain (21) ; Morgan LE TUAL, professeur des écoles (75) ; Christelle LECLERC, fonctionnaire, syndicaliste (93) ; Jean-Michel LECOMTE, professeur de mathématiques retraité, responsable syndical (27) ; Eric LECOURTOIS, syndicaliste (22) ; Jérôme LEFAURE, agent de sécurité, syndicaliste (21) ; Jack LEFEBVRE, enseignant, syndicaliste (78) ; Jean-claude LEFORT, député Honoraire (94) ; Apollinaire LEGROS-GIMBERT, avocat (31) ; Bernard LEMPEREUR, syndicaliste (75) ; Aude LEQUERRE, avocat (94) ; Jean-Marc LEVY-LEBLOND, professeur émérite de l’université de Nice (06) ; M. LOCATELLI, avocat (27) ; Fred LOSA, enseignant, syndicaliste (34) ; Eric MACKWITZ, cadre socio-éducatif, syndicaliste (974) ; Hélène MAGDELONNETTE, sans-emploi (75) ; David MAHEU, avocat (75) ; Pierre-Marie MAILLARD, chef de projet (75) ; Rémi MAILLARD, journaliste (75) ; Tristan MALLE, journaliste (75) ; Noel MAMÈRE, député de la gironde, (33) ; Philippe MARCELE, dessinateur, universitaire (35) ; Mathieu MARCHAL, enseignant (34) ; Denis MARCHAND, formateur (35) ; Jacqueline MARCUCCILLI, conseillère municipale (42) ; Evelyne MARIANI, psychologue (06) ; Jean-Jacques MARIE, historien (75) ; Jean MARKUN, militant syndicaliste mines de fer de Lorraine (57) ; Claude MARTIN, militant associatif (65) ; Dominique MARTIN, enseignant, syndicaliste (78) ; Richard MARTIN, directeur de théâtre (13) ; Stéphane MARTIN, agent territorial, syndicaliste (84) ; Françoise MARTRES, magistrat, présidente d’un syndicat de la magistrature (75) ; Bernard MARX, économiste (92) ; Danielle MARX, cadre à la retraite (92) ; Lucie MARZAQ, ingénieur d'études, syndicaliste (57) ; Françoise MATHIAS, retraitée, (93) ; Isabelle MATHIEU, ingénieur de recherche (21) ; Caroline MECARY, avocate (75) ; Victoria MELGAR (87) ; Alain MEURANT, syndicaliste (93) ; Christophe MIQUEU, philosophe (33) ; Annick MONOT, psychanalyste (56) ; François MORIER, technicien vidéo audio, cadre spécialisé (77) ; Salim MOUNIR ALAOUI, ingénieur (92) ; Mickaël MUSQ, agent SNCF, syndicaliste et conseiller municipal (54) ; Baba NABE, fonctionnaire, élu municipal (94) ; Gisèle NADAUD, retraitée EDF (91) ; David NADAUD, en situation de handicap (91) ; Laurent NARDI, conseiller municipal (74) ; José NAVARRO, militant syndical (65) ; Pierre NEHORAI, avocat au barreau de Paris (75) ; Nadette NEVIÈRE, magasinier des bibliothèques (06) ; Annie NISSOU, psychologue (06) ; Bruno NISSOU, facteur, (06) ; Bernard NOËL, écrivain (21) ; Michèle OLLER, libre-penseuse (83) ; Robert OLLER, libre-penseur (83) ; Franck OSLE, technicien, militant associatif, syndicaliste (77) ; Stéphan OUALLI, avocat (75) ; Reza PAINCHAN, syndicaliste (93) ; Andrée PALOL, retraitée finances publiques (66) ; Christelle PAPIN, employée adminisitrative (78) ; Caroline PARIS, avocate au barreau de Lyon (69) ; Michel PAROLINI, conseiller principal d’éducation militant, associatif (18) ; Alexandre PARRA-BRUGUIERE, avocat (31) ; Claude PATRIAT, professeur émérite, science politique (21) ; Olivier PAUTONNIER, hospitalier, syndicaliste (38) ; Antonio PEREIRA-NUNES, retraité (27) ; Denis PERICHON, agent collectivité territoriale (21) ; Michel PETREQUIN, syndicaliste enseignement (34) ; Daniel PETRI, cheminot, militant associatif (94) ; Patrice PEVERI, maître de conférences en histoire, université Paris VIII (93) ; Pierre PHILIPPE, agent de la fonction publique (75) ; Raphaelle PIA, artiste peintre (75) ; Patrick PICARD, agent EDF, syndicaliste (75) ; Catherine PIERRARD, sage-femme (64) ; Pierre PILARD, manutentionnaire, syndicaliste (91) ; Marie-Hélène PIN, militante laïque (01) ; Jean-Louis PIROLLET, électricien, syndicaliste (01) ; Eric PLOUVIER, avocat (75) ; Yves POEY, directeur d'école (77) ; Giuseppe PONTURO, chef décorateur (94) ; Johanne POULET, responsable de la communication (93) ; Alain POUPARD, syndicaliste (95) ; Vincent PRÉSUMEY, professeur d’histoire, militant politique et syndicaliste (03) ; Christian PRIGENT, écrivain (21) ; Nathalie QUINTANE, écrivain (21) ; Jean-Paul RAFIER, syndicaliste (74) ; Maurice RAJSFUS, historien, écrivain (94) ; Sophie REY GASCON, avocat, secrétaire de la conférence (75) ; Manuela RIBEIRO, enseignante, conseillère départementale (54) ; Jean-Pierre RICHAUDEAU, responsable associatif (74) ; Mathieu ROBERT, Journaliste (75) ; Anne-Marie ROCHON, ancienne élue municipale, candidate aux dernières législatives (78) ; Cécile ROUBIN, musicienne (92) ; Rose May ROUSSEAU, syndicaliste hospitalière (75) ; Hélène RUBINSTEIN CARRERA, avocate honoraire (75) ; Gérard SCHIVARDI, maire (11) ; Nicole SCHMIDT, retraitée (91) ; Arsène SCHMITT, syndicaliste travailleurs frontaliers (54) ; Daniel SCHWARZ, enseignant, syndicaliste (34) ; Selma SENOUNE, étudiante en physique (91) ; Jénofa SERBIELLE, chômeuse, militante associative (64) ; Martine SICARD, artiste plasticienne et traductrice (6) ; Josette SOLIVA, professeur des écoles (34) ; Philippe SOULAS, dessinateur de presse et d'humour (75) ; Camille SOULEIL-BALDUCCI, avocat (75) ; Michel STANSAL, avocat (75) ; Jean-Marc STEVAN, retraité, militant associatif (17) ; Maurice STOBNICER, professeur agrégé, syndicaliste (93) ; Daniel STOLLA, gynécologue-obstétricien (13) ; Wladimir SUSANJ, fonctionnaire, syndicaliste (75) ; Christian TAILLANDIER, citoyen (35) ; Eric TAILLANDIER, professeur de Musique, militant pour la défense des services publics (45) ; Anna TARGE, retraitée (42) ; Maurice TARGE, retraité (42) ; Antoine THEROND, Instituteur, (06) ; Olivier TOMNET, métallurgie, syndicaliste (92) ; Pierre TRIBOUILLARD, hospitalier, syndicaliste (13) ; Cathy VAN BALLAER, agent de production, militante politique et syndicaliste (93) ; Juliette VANDER PLAETSE, étudiante en médecine (76) ; Mathieu VANDER PLAETSE, élève-ingénieur (91) ; Pierre VANDEVOORDE, enseignant, militant politique (27) ; Bernard VASSEUR, philosophe (93) ; Sylvie VASSEUR, professeur des écoles (93) ; Olivier VAVON, syndicaliste (58) ; François VAZARD, (27) ; Louis VENTURA, enseignant certifié (34) ; Françoise VILLARD, retraitée de l’enseignement (25) ; Michel VILLEREY, retraité de l’Éducation Nationale, libre-penseur (89) ; Jean VINCENT, libre-penseur (38) ; Michèle VINCENT, médecin ophtalmologiste, syndicaliste (39) ; Benoît VISTE, comédien (60) ; Serge VRAY, maire (42) ; Charles YVETOT, chômeur, militant anti-raciste (64).

mercredi 7 octobre 2015

«La justice a une couleur»


«La justice a une couleur»

A propos de l’oppression spécifique des Noirs aux Etats-Unis


ETATS-UNIS ♦ A nouveau, cet été, la ville de Ferguson, où la police avait assassiné un jeune Noir, a connu l’état de siège ; à Charleston, un tueur a abattu neuf personnes dans une église noire.
La liste des Noirs abattus par la police s’allonge de mois en mois. Comme dans les années 1960, où un puissant mouvement s’était dressé pour en finir avec les lois racistes, les Noirs américains — et d’ailleurs les travailleurs noirs — s’organisent contre ces lynchages légaux. Les manifestations se succèdent sous le mot d’ordre : « Black Lives Matter » (les vies noires ont une valeur).
Quelle est la toile de fond de ces développements qui démontrent, une fois de plus, que la question de l’oppression spécifique des Noirs aux Etats-Unis demeure une question essentielle, que les gouvernements, qui défendent les intérêts de la classe capitaliste, qu’ils soient parés de l’étiquette « républicaine » ou « démocrate », ne peuvent résoudre ?
Par François Forgue  


« Jarvious Cotton (un Noir américain) ne peut pas voter. Comme son père, son grand-père, son arrière-grand-père et son arrière arrière-grand-père. L’histoire de la famille Cotton illustre celle des générations successives d’hommes noirs nés aux Etats-Unis, mais à qui a été dénié le droit élémentaire que doit assurer la démocratie — le droit de voter pour ceux qui décident des lois gouvernant votre vie. Son arrière arrière-grand-père ne pouvait voter parce qu’il était esclave. Son arrière-grand-père fut battu à mort par le Ku Klux Klan alors qu’il essayait de voter. Son grand-père ne put voter à cause de la terreur exercée par le Ku Klux Klan. Son père fut écarté du vote par les conditions fiscales et les tests d’alphabétisation limitant l’exercice de ce droit. Enfin, Jarvious Cotton n’a pas le droit de vote, car comme beaucoup d’hommes noirs, il a un casier judiciaire et est aujourd’hui en liberté conditionnelle. »
C’est ainsi que commence le livre de Michelle Alexander, The New Jim Crow (Le Nouveau Jim Crow) (1), ouvrage avant tout constitué de faits, de documents, de références précises, et qui constitue un saisissant réquisitoire contre le système pénal américain actuel, démontrant de manière irréfutable à quel point il est un moyen de maintenir dans un système d’exclusion la population noire des Etats-Unis.
La guerre contre la drogue
A l’origine de la croissance exponentielle de la population pénale (voir repères), il y a la « guerre contre la drogue », qui, dans les faits, fut avant tout une guerre contre les victimes de la drogue. Elle a conduit à l’accentuation de la répression massive contre la population la plus misérable, et donc d’abord contre la population noire. La montée en puissance du trafic de la drogue — « l’extension du marché » pourrait-on dire, par la baisse du prix d’achat (or les drogues « bon marché » sont les plus dangereuses) — va provoquer des ravages dans la jeunesse, en particulier celle frappée par le chômage et la précarité, donc la jeunesse noire.
La jeunesse noire fut doublement frappée. Proie des trafiquants, et en même temps, cible policière par excellence : les jeunes dealers étaient traités comme de grands criminels, les « usagers » comme des criminels.
Si la majorité des dealers comme des consommateurs est blanche, la majorité de ceux qui sont arrêtés, condamnés et détenus sont des Noirs. D’abord des jeunes, et avant tout des jeunes hommes, ce qui ne signifie pas que les femmes soient épargnées : elles sont frappées comme « complices », et ce sont elles qui paient le prix le plus fort dans les conséquences de la dislocation des familles.
Les chiffres sont sans appel : ils démontrent, pour reprendre une expression de Michelle Alexander, qu’aux Etats-Unis, « la justice a une couleur ». Les trois quarts des personnes emprisonnées, condamnées ou poursuivies pour des délits relatifs à la drogue sont des Noirs ou des Latinos. La jeunesse noire représente 16 % de la jeunesse totale, mais 28 % des jeunes arrêtés sont noirs, comme 35 % de ceux qui ont un casier judiciaire et 58 % de ceux qui sont détenus. Si l’on considère les longues peines, cette proportion s’accuse encore. Par exemple, dans le cas de l’Etat de Géorgie, 98 % des détenus condamnés à vie, comme conséquence de la règle des « trois coups », sont noirs (2).
Au-delà de l’augmentation de la population carcérale, ce système « exagérément répressif », comme l’a reconnu Obama, qui l’a pourtant pratiqué pendant l’essentiel de sa présidence, a des conséquences socialement désastreuses, puisqu’aujourd’hui, sept millions de citoyens américains sont soit en prison, soit en sursis, soit en liberté conditionnelle et sont donc privés — souvent pour de très longues périodes — de leurs droits civiques. Ils se voient dénier la possibilité de retrouver un emploi, d’avoir accès à des logements sociaux, ou de bénéficier de quelque aide sociale que ce soit — avec les conséquences que cela entraîne pour la famille. Une proportion élevée (correspondant à tout ce qui a été évoqué jusqu’à présent) de cette fraction de la population est noire.
Michelle Alexander peut à juste titre en conclure que le système d’emprisonnement massif qui sévit aux Etats-Unis n’est pas, comme le prétendent ses défenseurs, un système de « contrôle de la délinquance », mais un système d’oppression raciale et de contrôle policier de ceux qui en sont victimes.
Qu’est-ce qu’être noir aux Etats-Unis ?
Ce qui définissait un Noir aux Etats-Unis avant la guerre de Sécession et l’abolition de l’esclavage en 1864, c’est qu’il était esclave — sans aucun droit — et propriété d’un maître.
L’abolition de l’esclavage — résultat d’une lutte révolutionnaire dans laquelle les Noirs eux-mêmes jouèrent un rôle essentiel — aboutit d’abord à un profond mouvement des masses noires pour faire prévaloir leurs droits dans tous les domaines. Jamais depuis, les assemblées législatives n’ont compté autant de Noirs. La contre-révolution — unissant anciens propriétaires du Sud et capitalistes du Nord — rétablit dans le sang, entre 1870 et 1880, la suprématie blanche. Désormais, le Noir est un citoyen de seconde zone, privé dans les faits du droit de vote et vivant dans les conditions d’une brutale ségrégation qui continuait à l’exclure de la société américaine.Noir USA
Ce qui le définit aujourd’hui, c’est qu’il est un criminel.
Certains prétendent que ce système n’est pas discriminatoire mais fondé sur le choix de chacun : personne n’est contraint d’enfreindre la loi. Le nouveau système de discrimination, le système carcéral et policier, s’inscrit non seulement dans la longue histoire de l’oppression des Noirs aux Etats-Unis, mais dans la décomposition d’ensemble du système capitaliste et la manière dont celle-ci s’exprime aux Etats-Unis.
Michelle Alexander rappelle que la montée de l’incarcération massive coïncide avec la montée du chômage qui fait que « très rapidement, la main-d’œuvre noire perdit sa nécessité pour l’économie américaine ». Elle souligne que les systèmes précédents visaient à contrôler la main-d’œuvre, alors que le nouveau système vise à rassembler une fraction de la population qui ne peut plus être absorbée par l’économie aux Etats-Unis.
Elle conclut en disant que tout mouvement véritable pour mettre fin à ce système d’incarcération massive doit l’attaquer non comme un système d’incarcération en soi, mais comme un système d’oppression raciale.
Ajoutons que ce mouvement, comme cela avait été le cas lors du mouvement pour les droits civiques, ne peut qu’être amené à mettre en cause les fondements sociaux de ce système : le régime d’exploitation capitaliste et de la propriété privée des moyens de production.
La lutte contre ce système barbare est d’abord — ce qui se passe dans les faits — l’affaire des Noirs eux-mêmes. Elle concerne tous ceux qui, aux Etats-Unis, entendent combattre pour la démocratie, mais au premier chef le mouvement ouvrier, les organisations syndicales des Etats-Unis.
(1) On appelle « Jim Crow » l’ensemble des lois discriminatoires à l’égard de la population noire des Etats-Unis, ensemble instituant dans les Etats du Sud un véritable système d’apartheid. Il ne fut démantelé qu’à la suite du puissant mouvement pour les droits civiques des années 1960.
(2) La règle des « trois coups » veut qu’un délinquant pour des faits relevant du vol ou de détention de drogue, pas nécessairement de son commerce, s’il est condamné pour un troisième délit, peut être condamné à vie.