mardi 5 février 2013

William Shakespeare, celui qui écrivait pour l'éternité


William Shakespeare, celui qui écrivait pour l'éternité



Sans doute la citation la plus connue et galvaudée de Shakespeare et que pourtant peu d'entre nous ont pris la peine de lire dans son intégralité
Il y a pourtant ici une interrogation qui est celle des hommes de tous les temps. La grandeur de Shakespeare est qu'au delà de la contingence qui forme la trame de toutes ses pièces, il écrit pour l'éternité et pose les seules questions qui vaillent vraiment la peine d'être posée
Notre pauvres mots ne sont souvent pas à la hauteur du sublime et du tragique de nos existences et de nos plus profondes angoisses, nous avons peine à les formuler
Le génie littéraire, celui de Shakespeare, de Cervantes et de quelques autres est l'art de hisser le langage jusqu'à une hauteur où il nous rende cette dignité à laquelle nous aspirons et que nous avons méritée par nos peines et nos douleurs


HAMLET. - Etre, ou ne pas être, c'est là la question. Y a-t-il plus de
noblesse d'âme à subir la fronde et les flèches de la fortune
outrageante, ou bien à s'armer contre une mer de douleurs et à l'arrêter
par une révolte ?. Mourir... dormir, rien de plus ;... et dire que par ce
sommeil nous mettons fin aux maux du coeur et aux mille tortures
naturelles qui sont le legs de la chair : c'est là un dénouement qu'on doit
souhaiter avec ferveur. Mourir... dormir, dormir ! peut-être rêver ! Oui, là
est l'embarras. Car quels rêves peut-il nous venir dans ce sommeil de la
mort, quand nous sommes débarrassés de l'étreinte de cette vie ?. Voilà
qui doit nous arrêter. C'est cette réflexion-là qui nous vaut la calamité
d'une si longue existence. Qui, en effet, voudrait supporter les
flagellations, et les dédains du monde, l'injure de l'oppresseur,
l'humiliation de la pauvreté, les angoisses de l'amour méprisé, les
lenteurs de la loi, l'insolence du pouvoir, et les rebuffades que le mérite
résigné reçoit d'hommes indignes, s'il pouvait en être quitte avec un
simple poinçon ?. Qui voudrait porter ces fardeaux, grogner et suer sous
une vie accablante, si la crainte de quelque chose après la mort, de cette
région inexplorée, d'où nul voyageur ne revient, ne troublait la volonté,
et ne nous faisait supporter les maux que nous avons par peur de nous
lancer dans ceux que nous ne connaissons pas ?. Ainsi la conscience fait
de nous tous des lâches ; ainsi les couleurs natives de la résolution
blêmissent sous les pâles reflets de la pensée ; ainsi les entreprises les
plus énergiques et les plus importantes se détournent de leur cours, à
cette idée, et perdent le nom d'action...

William Shakespeare HAMLET Acte III, scène 1



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