dimanche 10 février 2013

Le gouvernement grec réquisitionne les grévistes du métro






Mais rien n’est joué pour autant. Le 31 janvier, les employés des bus et des chemins de fer étaient en grève contre la baisse de leurs salaires et contre la réquisition des grévistes du métro. Les marins, ainsi que les médecins hospitaliers, étaient également en grève. La confédération GSEE, qui a condamné un «dérapage antidémocratique», et la fédération ADEDY ont annoncé une nouvelle grève générale pour le 20 février.

Appel à la grève générale le 20 février

La CSI (Confédération syndicale internationale) a vivement condamné la réquisition des grévistes. Sa Secrétaire générale, Sharan Burrow, a déclaré: «Cela suffit! Les politiques malavisées et illégales de la Troïka [FMI, UE et BCE, ndlr] sont en train de provoquer des dégâts sociaux et économiques qui affecteront une génération entière sur le long terme. Obliger les gens à reprendre le travail sous la menace d’une arrestation ne pourra que susciter davantage de détresse et d’instabilité.»
"Nous sommes bien obligés de reprendre le travail, sinon c'est la porte", a déclaré à l'AFP un responsable syndical du métro, Thomas Zaharis. Selon une source judiciaire, les réfractaires s'exposeraient aussi à être arrêtés en flagrant délit.
Le gouvernement a recouru jeudi soir à la réquisition, une mesure dénoncée comme antidémocratique par les syndicats et l'opposition, face à l'enlisement d'un conflit testant sa détermination à mettre en oeuvre de nouvelles mesures de rigueur, comme l'exigent les bailleurs de fonds du pays, l'Union européenne et le Fonds monétaire international.
Les autorités ont aussi envoyé à l'aube quelque 300 policiers anti-émeute pour reprendre le contrôle du principal dépôt du métro, dans la banlieue populaire de Sépolia, où s'étaient retranchés des dizaines de grévistes. L'intervention a été menée sans incidents notables, et quatre personnes interpellées ont été relâchées.


  


Mercredi, la police anti-émeute a mis un terme à la grève générale entamée le 31 janvier par les marins grecs. Encore une fois, le gouvernement d’Athènes a choisi la méthode dure pour en finir avec un mouvement social, sans rien accorder aux grévistes. Poumon de l’économie nationale, la marine grecque traverse sa pire crise depuis la Seconde Guerre mondiale. L’austérité et la Troïka d’abord ?
Mercredi, la police anti-émeute est intervenue à 4h GMT, avant même le lever du jour, pour forcer les marins à reprendre le travail et assurer les liaisons avec les îles. Plus aucun navire ne circulait depuis le début du mouvement.
Les télévisions grecques ont montré des images des forces de l’ordre en train de disperser manu militari les piquets de grève sur le port du Pirée, le plus grand du pays. Six bateaux sont partis pour les Cyclades, deux autres pour la Crète. Mardi, le syndicat des marins (PNO) avait voté la reconduction de la grève pour 48 heures.


Face à cette nouvelle réquisition, un député de Syriza, le mouvement de gauche radicale aujourd’hui deuxième force politique nationale, a déclaré qu’on assistait à « la transformation d’une démocratie parlementaire en une junte parlementaire favorisant les intérêts du capital à ceux des salariés ». Plusieurs milliers de manifestants, marins et militants d’extrême gauche, se sont rassemblés devant le ministère de la Marine marchande pour dénoncer le « terrorisme étatique ».
De leur côté, les médias ont décrit ce durcissement du gouvernement comme un gage de sa bonne volonté donné aux bailleurs internationaux. Les représentants de la troïka sont attendus fin février à Athènes.
Un secteur coulé par la crise
Les marins protestent contre une réforme en cours qui prévoit de réduire le nombre de membres d’équipage alors même que le secteur est touché de plein par la crise. Selon les syndicats, près de 7.000 marins seraient aujourd’hui au chômage pour environ 15.000 actifs. Les chiffres du gouvernement évoquent 4.200 chômeurs pour 17.000 actifs.
La marine est l’un des secteurs les plus touchés par la crise, mais il est réputé pour son opacité financière et de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer les traitements de faveur dont bénéficient les armateurs. En vertu d’une loi de 1953, ils sont exemptés d’impôts sur les bénéfices, un statut avantageux accordé à l’époque pour reconstituer la flotte grecque décimée pendant la Seconde Guerre mondiale. Face aux critiques de l’UE, les autorités grecques ont décidé d’agir, et la nouvelle loi fiscale adoptée en janvier prévoit de mettre un terme à cet avantage.

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