mercredi 11 février 2015

Qui aidera les travailleurs grecs, et comment ?

Qui aidera les travailleurs grecs, et comment ?

logo édito 2L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES
par 
DanielGluckstein,Secrétaire national du POI.
   Les premières mesures annoncées  dimanche 8 février  devant le Parlement grec par  le Premier ministre, Alexis  Tsipras, marquent indiscutablement  un changement d’orientation.(1)
   Les travailleurs des autres pays d’Europe  considéreront avec sympathie la liste  des décisions qui annulent et inversent  plusieurs mesures anti-ouvrières, antisociales  et antidémocratiques prises depuis  des années par les gouvernements aux  ordres de la troïka (lire p. 10).
   En sens inverse, les gouvernements des  principales puissances capitalistes et les  institutions de l’Union européenne s’inquiètent  et multiplient les pressions. Mais  avec une limite, fort justement décrite par  le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis  : « L’euro est fragile comme un château  de cartes. Si vous retirez la carte  grecque, les autres s’effondreront. »
   Face à ces pressions, les travailleurs de  tout le continent se posent la question :  comment aider les travailleurs et le peuple  grecs ? Faut-il demander à la Banque centrale  européenne — comme le fait, dans  les colonnes deL’Humanité, Bernd Riexinger,  coprésident de Die Linke — de bien  vouloir « réorienter sa politique monétaire  pour permettre un vrai développement économique  et inscrire dans ses missions la  lutte contre le chômage de masse » ? Mais  le rôle de la BCE, défini par les traités successifs,  c’est de préserver l’intérêt des capitalistes,  des banquiers et des spéculateurs,  et rien d’autre !
   Faut-il revendiquer pour la troïka « une  plus forte légitimité démocratique », comme  le fait Martin Schulz, président du groupe  socialiste européen, dans les colonnes de  L’Humanité, qui lui souhaite « d’aller jusqu’au  bout de sa logique pour accompagner  Alexis Tsipras dans sa lutte contre  l’austérité » ?
   Faut-il s’adresser à François Hollande, à  qui Jean-Luc Mélenchon vient d’écrire pour  l’inviter à « jouer un rôle décisif dans la discussion  qui va s’ouvrir » sur la Grèce ? Un  rôle décisif ? Sans doute, mais lequel ? Le  ministre Sapin déclare que dans la négociation  qui s’ouvre, « deux principes » doivent  être respectés : d’une part, « le respect du  vote grec », et, d’autre part, « le respect des  règles européennes inscrites dans les traités  auxquels la Grèce a adhéré, comme celles  du bon fonctionnement de la BCE et du  Fonds monétaire international ». Autrement  dit : le peuple grec est souverain… aussi  longtemps qu’il ne remet pas en cause les  injonctions de la BCE et du FMI, c’est-à-dire  des institutions du capital financier !
   Qui osera dire que la souveraineté des  peuples et le respect de la démocratie sont  compatibles avec le maintien des institutions  de l’Union européenne ?
   La meilleure aide que la classe ouvrière  française puisse apporter aux travailleurs  et au peuple grecs, c’est de contraindre  notre propre gouvernement à reculer sur  les plans anti-ouvriers découlant de sa soumission  à la BCE, à commencer par la loi  Macron et le pacte de responsabilité. Cela  ne peut se faire ni par des lettres ouvertes  ni par des suppliques, mais par le seul  moyen de la mobilisation unie, de la lutte  de classe dans l’unité des travailleurs et de  leurs organisations pour contraindre Hollande et Valls à reculer. Ainsi sera confortée  la résistance de la classe ouvrière  grecque. Ainsi sera ouverte la voie au combat  commun de tous les peuples d’Europe  pour en finir avec la dictature de la troïka,  de la BCE et de l’euro.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire