mercredi 11 juillet 2012

» Improbable “intérêt général” Mercredi 11 juillet 2012 | POI | Commentaires Fermés Improbable “intérêt général” L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES par Daniel Gluckstein, Secrétaire national du POI.


« Préparer ensemble les réformes, (…) élaborer une feuille de route économique et sociale », et pour cela établir « un agenda partagé » : tel est, selon François Hollande, l’objectif de la conférence sociale, qui devrait « dans la durée » traiter des retraites, du financement de la Sécurité sociale, de l’emploi, des contrats de génération, etc. Et cela, « pour rendre ensuite les arbitrages les plus conformes à l’intérêt général et au dialogue social qui y contribue ».
Dans les colonnes de L’Humanité, Luc Bérille, secrétaire général de l’UNSA, se félicite de cet « espace de dialogue » qui permettra à « chacun — patronat, syndicats — (…) d’adapter ses positions » et de renoncer à « défendre chacun de son côté sa propre politique ». Le but serait-il que les syndicats ouvriers — au nom de « l’intérêt général » — renoncent à défendre les intérêts particuliers des salariés ?
Au nom de la CFDT, Laurent Berger se déclare, lui, « favorable à constitutionnaliser le dialogue social ». Quant au cadre budgétaire fixé par Bruxelles, il s’y plie : « Les marges de manœuvre sont faibles. Les salariés ont d’ailleurs eux-mêmes intégré les limites budgétaires et le fait qu’il n’existe pas de solution miracle. » Et de préciser que dans le domaine fiscal, « les orientations avancées par le gouvernement vont dans le bon sens ».
Cette vision de la conférence sociale où patrons et syndicats ouvriers devraient partager la même démarche, les mêmes objectifs, et surtout le même cadre budgétaire imposé par Bruxelles, porte un nom : le corporatisme. Certes, nous ne sommes plus à l’époque de la charte du travail de Pétain, ni même des tentatives d’association capital-travail voulues par le général de Gaulle dans les années 1960… Le contexte est différent : c’est celui de l’Europe de Maastricht-Lisbonne-Amsterdam, voire demain du TSCG.
Mais cela n’est pas pour rassurer. La zone euro est entrée en récession. Les « plans sociaux » tombent en cascade. Des dizaines, voire des centaines de milliers d’emplois sont directement menacés. La catastrophe est imminente. Que faire ?
Les « marges de manœuvre » sont quasi inexistantes, prétend Berger. Précisons : tout gouvernement qui renonce à rompre avec la discipline budgétaire et institutionnelle imposée par Bruxelles se prive, de ce fait, de tout instrument d’intervention pour bloquer les licenciements et préserver les emplois. Faudrait-il pour cela tout sacrifier à la recherche d’un improbable « arbitrage conforme à l’intérêt général » ? Quel intérêt général ? A PSA, par exemple, quel est l’intérêt général commun à la famille Peugeot et aux 3 000 familles ouvrières qui dépendent du maintien de tous les emplois à Aulnay ?
Chacun le comprend : s’engager dans cette voie serait ouvrir la porte au chaos, à la désintégration sociale et au démantèlement de la démocratie dont l’indépendance syndicale est un pilier. Des marges de manœuvre, la lutte de classe peut s’en ouvrir. La question clé demeure l’indépendance du mouvement ouvrier, et particulièrement des organisations syndicales assurant la défense des intérêts matériels et moraux des salariés, sans soumission au cadre imposé par Bruxelles.
Dans tous les domaines, l’issue est dans la rupture du lien de subordination avec l’Union européenne, dans la rupture avec la dictature de la troïka (FMI-Union européenne-Banque centrale européenne). Et, pour commencer, dans la mobilisation contre la ratification du nouveau traité TSCG.

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