mercredi 18 juillet 2012

Une déclaration de guerre. Comment y répondre ?L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES par Daniel Gluckstein, Secrétaire national du POI


8 000 emplois détruits à PSA, 40 à 50 000 menacés en conséquence dans la sous-traitance. Derrière l’offensive lancée par la direction de Peugeot, le capital financier international veut passer en force. L’objectif ? Briser ce qu’ils appellent le « coût du travail excessif » en Europe et, particulièrement en France (1) ; et, pour cela, amorcer une restructuration complète de l’industrie automobile, à l’instar de ce qui s’est passé aux Etats-Unis.
Cette déclaration de guerre pose au gouvernement d’une part, au mouvement ouvrier d’autre part, les questions les plus fondamentales.
« L’Etat ne laissera pas faire », a déclaré François Hollande après l’annonce du plan Varin. Quel sera le contenu concret de cette affirmation ? Les déclarations des ministres et des dirigeants des partis de « gauche » tournent toutes autour de la même idée : il est question de tables rondes, de reclassements, de solutions alternatives, etc. Parfois, il est précisé qu’« aucun licenciement sec » ne sera accepté. Promesse qui suscite le plus grand scepticisme parmi les ouvriers concernés. Ajoutons que, quand bien même il n’y aurait pas de licenciements secs — ce qui, répétons-le, reste hautement improbable — cela n’annulerait pas pour autant la fermeture du site d’Aulnay et la suppression de dizaines de milliers d’emplois.
Soyons clairs : ces formules ne font qu’accompagner le plan de destruction. Un gouvernement qui voudrait vraiment promouvoir « croissance » et « relance » décréterait le blocage du plan Varin et des suppressions d’emplois, et il déclarerait : nous prenons les choses en mains, nous garantissons aux ouvriers de PSA le maintien de leur emploi et de tous les sites. Cela constituerait, de fait, un pas sur la voie de la rupture avec la dictature du capital financier et ses institutions —Union européenne, OMC, FMI (2). Mais à s’y refuser, un gouvernement « de gauche » n’est-il pas réduit à accompagner les coups les plus brutaux contre la population laborieuse et la jeunesse ?
Quant aux organisations du mouvement ouvrier : peuvent-elles jouer leur rôle en acceptant le cadre qu’on cherche à leur imposer, celui des « concertations » et « tables rondes » sur les « mesures alternatives » et les conditions de départ ?
Pour leur part, les ouvriers de PSA-Aulnay interviewés dans ces colonnes avancent comme revendications : le retrait du plan Varin, le maintien de tous les emplois, le maintien du site d’Aulnay et de tous les sites. C’est sur ces revendications, précisent-ils, que les organisations ont la responsabilité de réaliser l’unité permettant la mobilisation qui imposera le retrait du plan.
Ces questions, et la manière dont il y sera répondu, pèseront dans les développements de toute la situation des prochaines semaines. Il s’agit du sort des ouvriers de Peugeot, mais, au-delà, de celui de toute la classe ouvrière, et du mouvement ouvrier dans son ensemble.
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(1) A noter cette question posée par Le Monde (17 juillet) à Pierre Moscovici : « Philippe Varin, le patron de PSA, vous demande de baisser massivement le coût du travail. Que lui répondez-vous ? » Réponse du ministre de l’Economie et des Finances : « Cette question n’est pas un tabou. »

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